Deux Arabesques
Résumer Debussy à ces deux pièces serait une erreur ; mais les négliger, au prétexte de leur charme enjôleur et des pianistes amateurs qui s’y essayent, serait une faute ! Par plusieurs aspects, ces Deux Arabesques de 1888 annoncent le compositeur du Prélude à l’après-midi d’un faune. Héritière des pièces brèves de Schumann et Grieg, de la joliesse de Massenet et de Delibes, elles marquent une évolution dans la musique de piano et dans le langage de Debussy. Leur titre est déjà tout un programme : Debussy voyait dans le chant grégorien qu’on redécouvrait alors le début de l’« arabesque » sonore, et dans l’œuvre Bach son apogée. Chez lui-même, cette arabesque, courbe mélodique en volutes, stable harmoniquement, devient un trait distinctif, presque un marqueur esthétique. Elle renvoie à divers motifs du symbolisme poétique, tel celui de la chevelure, que Debussy a tellement mis en valeur, et à l’ornementation de l’Art nouveau. Comme la plupart des pièces courtes de Debussy, ces Deux Arabesques sont de formes ternaires (ABA). La première présente d’emblée son dessin mélodique, « Andantino con moto » : des triolets à la main droite, soutenus par des arpèges en croches de la main gauche. La superposition des deux rythmes produit une texture souple, aquatique, ce qu’accentue la pédale qui la nimbe. La partie centrale est plus hésitante, « Tempo rubato ». La deuxième Arabesque tranche par son écriture plus nette et son espièglerie, qui annoncent certaines pièces humoristiques de Debussy, telle Général Lavine – Excentric. Elle est fondée sur une petite broderie qui sautille sur le clavier, staccato et avec peu de pédale.
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data di pubblicazione : 06/09/23
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