Le Docteur Miracle

En 1856, Offenbach organisa un concours d’opéra-comique en un acte afin de promouvoir son théâtre des Bouffes-Parisiens nouvellement installé passage Choiseul. « Le théâtre des Bouffes veut essayer de ressusciter le genre primitif et vrai. […] C’est dans les esquisses musicales renouvelées de l’ancien opéra-comique, dans la farce qui a produit le théâtre de Cimarosa et des premiers maîtres italiens, qu’il a rencontré son succès : non seulement il entend y persévérer, mais il veut creuser le filon inépuisable de la vieille gaité française ! » Soixante-dix-huit concurrents mirent en musique Le Docteur Miracle dont Léon Battu et Ludovic Halévy avaient écrit le livret. Présidé par Auber, le jury décerna un premier prix ex æquo à Georges Bizet et Charles Lecocq, tous deux élèves d’Halévy. La partition de Bizet fut créée aux Bouffes-Parisiens le 9 avril 1857, un jour après celle de Lecocq (les deux œuvres alternèrent et connurent chacune onze représentations). Puis elle disparut des scènes jusqu’à son exhumation en 1951. On aurait tort de mésestimer ce Docteur Miracle composé par un musicien d’à peine vingt ans, quelques mois après sa première présentation au concours du prix de Rome (où il obtint un second prix). Bizet déploie ici un don naturel pour la comédie, qu’il mettra ensuite en veilleuse jusqu’à Carmen. Les mélodies associent l’élégance à la fraîcheur, les ensembles éblouissent par leur finesse d’écriture et leur verve dramatique, en particulier dans le cocasse « Quatuor de l’omelette » où se mêlent le podestat de Padoue, sa fille Laurette, le beau soldat Silvio et Véronique, la seconde épouse du podestat.