Le Docteur Ox

Après le succès du Voyage dans la Lune (1875), Offenbach tire un nouveau scénario de l’œuvre de Jules Verne et signe un accord financier avec l’auteur, flatté de pouvoir participer anonymement à l’élaboration du livret. Vivant au ralenti, sous le contrôle d’un appareil géré par son bourgmestre, la ville de Quiquendone est bouleversée par l’arrivée du docteur Ox et de son assistant Ygène. L’inventeur a mis au point un gaz capable de doubler les forces vitales et souhaite le répandre sur la ville. Il vise aussi de prendre pour épouse Suzel, la fille du bourgmestre. Mais l’arrivée de la bohémienne Prascovia fait échouer les plans du docteur. Si l’intrigue est mince, elle offre des personnages aussi solides que fantasques et des rimes propices au langage du musicien. L’air à effets de Prascovia (« La légende de la Guzla »), les couplets du docteur Ox, ou encore le duo flamand du II^e acte sont autant de brillantes pages. L’air de « l’enfant de Bohème » ne manque pas d’évoquer une certaine gitane qui, depuis 1875, domine le répertoire lyrique, de même que le souhait de Suzel d’entrer en régiment fait allusion à la mode des opérettes militaires. Appliquant la recette de ses anciens succès, Offenbach signe une partition efficace et s’essaye à des dissonances nouvelles, annonçant Les Contes d’Hoffmann qui occupent déjà tout son esprit. Le Docteur Ox entre en répétitions en novembre 1876 et pâtit des relations tendues entre Offenbach et le directeur des Variétés, dépassé par l’envergure du projet. José Dupuis (Ox) et Anna Judic (Prascovia) triomphent le soir de la création. Mais, malgré la splendeur de la mise en scène et des costumes signés par Grévin, Le Docteur Ox quitte l’affiche après 42 représentations.