Les Huguenots

Dans la première moitié du XIX^e siècle, les troubles politiques et religieux qui agitent la France depuis la Révolution, ainsi que l’éclosion d’une mode historiciste, donnent lieu à un intérêt sans précédent pour l’histoire des guerres de religion. Témoins de cette vogue, l’ouvrage dramatique à succès de Charles de Rémusat, intitulé La Saint-Barthélémy (1829) ; celui d’Alexandre Dumas, Henri III et sa cour, représenté sur la scène de la Comédie-Française (1829) ; ou encore la Chronique du temps de Charles IX  (1829) de Mérimée. Ce dernier est à la source du livret du Pré aux clercs de Ferdinand Hérold, opéra-comique donné pour la première fois en 1832, ainsi que de celui des Huguenots, créé à l’Opéra le 29 février 1836, dont l’action se déroule en France à l’été 1572. L’opéra met en scène les amours impossibles d’une catholique, Valentine (dont le rôle fut confié à la vedette Cornélie Falcon) et d’un protestant, Raoul (personnage interprété par le tout aussi célèbre ténor Adolphe Nourrit). Après le triomphe de Robert le Diable, Meyerbeer et Scribe signent avec Les Huguenots l’un des plus grands succès de l’Opéra de Paris au XIX^e siècle, représenté plus de 900 fois entre 1836 et 1900. La place de choix de l’ouvrage dans le panthéon de l’Opéra lui valut aussi d’être désignée pour l’inauguration du Palais Garnier en 1875. L’écriture musicale allie à une grande recherche dans le domaine de l’instrumentation une unité et une continuité qui proviennent de l’emploi de motifs récurrents tout au long de l’ouvrage. Parmi ces derniers, on remarquera l’imposant et solennel choral luthérien Ein feste Burg. Meyerbeer y mêle, avec une grande connaissance des goûts bourgeois du public d’alors, le brio d’un vocalité exubérante (Urbain, Marguerite) et la force de voix dramatiques (Valentine, Marcel), fusionnant ainsi le meilleurs des styles italiens et français.