Irlande
Légende-symphonie
Si la question des identités nationales enfièvre les esprits dans les dernières décennies du XIXe siècle, Augusta Holmès a des raisons personnelles de vibrer au combat des Irlandais pour l’autonomie de leur île, puisque son père en était originaire. En 1881, elle compose une « légende-symphonie » inspirée par ces événements et la culture populaire de sa patrie de cœur. Ainsi, la partition commence avec une mélodie aux couleurs modales, jouée par la clarinette à découvert. La vigueur des traditions orales est également rappelée par une danse tourbillonnante. Deux épisodes mettent en avant la dimension héroïque du sujet : une vigoureuse musique martiale, aux rythmes pointés, et une marche funèbre (qui sera jouée lors des funérailles de César Franck). Une conclusion éclatante encourage à poursuivre la lutte. En fait, la musique suit pas à pas un programme de la plume de la compositrice, distribué lors de la création d’Irlande au Cirque d’Hiver, le 26 mars 1882, par les Concerts populaires de Pasdeloup : « Île triste, un pâtre te chante sur les collines brumeuses : autrefois tes fils buvaient, riaient, dansaient, en heurtant les coupes de fer et les haches, dans la bonne humeur furieuse des festins. […] Chante, ô peuple misérable, ton vieux chant triomphal ; car les héros de l’antique Irlande sortent des tombeaux séculaires pour la délivrance de leurs enfants ! » L’œuvre est dans l’ensemble bien reçue. Dans Le Ménestrel, Victor Dolmetsch affirme qu’Irlande classe « incontestablement Mlle Holmès parmi les compositeurs de l’école moderne ». Les critiques soulignent le caractère « viril » de l’inspiration, perturbés pour certains qu’une femme s’aventure sur un tel terrain.
Permalink
data di pubblicazione : 06/09/23
Effettuare una ricerca