Istar op. 42
Variations symphoniques créées le 10 janvier 1897 à Bruxelles.
Si les contrées exotiques enflamment l’imagination de nombreux compositeurs français à l’aube du XXe siècle, Vincent d’Indy se montre peu sensible à l’orientalisme. En 1896, il compose toutefois Istar, « variations symphoniques » créées le 10 janvier 1897 à Bruxelles sous la direction d’Eugène Ysaÿe (dédicataire de la partition). Quelques années plus tôt, l’héroïne de l’ancienne épopée assyrienne avait inspiré au sâr Péladan (fondateur de la Rose-Croix) l’un des épisodes de sa Décadence latine, illustré par Fernand Khnopff : le sujet était dans l’air du temps. Telle un Orphée au féminin, Istar descend aux Enfers pour délivrer son amant. Elle doit franchir sept portes et, à chaque fois, se dépouiller d’un vêtement ou d’un bijou. À la septième porte, après que le gardien a enlevé « le dernier voile qui couvrait son corps », elle pénètre nue « au pays immuable ». Afin que la musique offre un équivalent à la trajectoire dramatique, d’Indy compose un thème et variations à rebours : il commence avec les variations dans lesquelles le thème n’est guère identifiable. Au moment du franchissement de la septième porte, le thème est énoncé par l’orchestre à l’unisson, sans accompagnement, à l’image de la nudité de l’héroïne. Un postlude lumineux et vibrant célèbre le triomphe des amants réunis. Quelques tournures mélodiques inhabituelles, certaines harmonies et couleurs orchestrales indiquent la nature exotique du sujet, tout en restant dans une esthétique postromantique à la française. Plusieurs passages passionnés pourraient d’ailleurs être associés à un tout autre sujet, d’Indy semblant plus intéressé par le défi de la construction formelle que par le pittoresque du cadre.
Focus
Documenti e archiv
Voir le document répertoriéPermalink
data di pubblicazione : 10/01/24
Effettuare una ricerca