Lélio ou Le Retour à la vie

Le 9 décembre 1832, le Tout-Paris réserve un accueil enthousiaste à Épisode de la vie d’un artiste, diptyque constitué de la Symphonie fantastique et de Lélio ou le retour à la vie. Pour le second volet, conçu comme « la fin et le complément » de la symphonie et créé à cette occasion, Berlioz invente une dramaturgie singulière, mêlant théâtre, voix solistes, chœur, piano et orchestre. Il désigne cette combinaison par le terme de « mélologue » emprunté à Thomas Moore. Auteur des textes parlés et chantés, sauf celui du Pêcheur (traduction d’un poème de Goethe), il s’est projeté dans Lélio, son « double » confié à un récitant. Sublimant sa passion pour Harriet Smithson (l’œuvre contient quelques citations de « l’idée fixe », thème conducteur de la Symphonie fantastique), mais aussi pour la pianiste Camille Moke, les passages déclamés alternent avec six pièces, chacune destinée à un effectif différent. Maître du réemploi, Berlioz insère plusieurs pièces composées quelques années plus tôt. Le Chœur d’ombres provient ainsi de la cantate pour le prix de Rome La Mort de Cléopâtre (1829), le Chant de bonheur et La Harpe éolienne de La Mort d’Orphée, autre cantate pour le prix de Rome (1827). La Chanson de brigands reprend une Chanson de pirates, depuis disparue. La Fantaisie sur « La Tempête » de Shakespeare, dont l’orchestre intègre un piano à quatre mains, date de 1830. En 1855, Liszt dirigera Lélio en respectant pour la première fois les vœux du compositeur : les musiciens, dissimulés par un rideau jusqu’au dernier monologue, sont laissés à découvert uniquement pour le final. Berlioz n’entendra plus jamais son mélologue dans cette configuration.