Mam'zelle Nitouche

« C’est avec Mam’zelle Nitouche que les Variétés avaient clos leur année théâtrale ; c’est avec Mam’zelle Nitouche que les Variétés commencent leur saison nouvelle… » (Le Figaro, 29 août 1883). Il faut dire qu’avec 212 représentations, l’opérette en trois actes et quatre tableaux d’Hervé (1825-1892) domine largement la saison 1883 du Théâtre des Variétés. Cela n’aurait sans doute pas été possible sans Anna Judic (1849-1911), l’étoile pour qui la pièce a été écrite. Créée le 26 janvier de la même année sur un livret de Meilhac et Millaud, elle remporte un succès phénoménal. Célestin, organiste au couvent des Hirondelles la journée, devient Floridor, auteur d’opérettes le soir. Il fait répéter à Denise de Flavigny, fierté du couvent, ses cantiques. Mais celle-ci préfère chanter les chansons de Floridor trouvées dans les affaires de Célestin. Elle profite de l’ordre de ses parents de rentrer à Paris, afin de se marier, pour s’arrêter en chemin voir la pièce de Floridor qui, le soir de la première, perd son actrice principale. Qu’à cela ne tienne, la nonne reprend le rôle-titre et fait sensation sous le nom de Mam’zelle Nitouche. Les péripéties suivantes amènent Nitouche et Célestin/Floridor à se déguiser en recrues de l’armée. Tout cela pour revenir au couvent où Denise/Nitouche accepte d’épouser le fiancé promis qui, quant à lui, était entre-temps tombé amoureux de Nitouche. L’histoire s’inspire en partie de la vie d’Hervé qui porta dans ses débuts la double casquette d’organiste et auteur d’opérettes. L’intelligence du compositeur transparaît dans son habileté à mêler les genres. Musiques religieuse, militaire, chansons grivoises et de régiment se côtoient, apportent beaucoup d’humour, et confirment le statut d’Hervé comme père de l’opérette.