La Naissance de Vénus op. 29

La Naissance de Vénus résulte d’une commande de la Société chorale d’amateurs, passée à Fauré en août 1882. Fondé en 1866, cet ensemble avait pour secrétaire le poète Paul Collin, dont les textes furent mis en musique par Massenet, Tchaïkovski, Mascagni ou Franck. C’est sa « scène mythologique » sur la naissance de Venus que Fauré fut chargé de mettre en musique. Souffrant d’un poème assez académique, et composée pour ne pas effaroucher un chœur amateur, la partition ne compte pas parmi les chefs-d’œuvre du musicien, mais contient de belles pages, notamment l’interlude orchestral décrivant l’émergence de Vénus des flots bouillonnants. L’orchestration n’étant pas prête pour sa première exécution, salle Érard, le 7 mars 1883, la première a lieu avec un accompagnement joué sur deux ou trois pianos par Fauré lui-même, César Franck et M. Maton. Le Ménestrel qualifie alors la partition de « tableau musical d’une couleur extrêmement poétique » et loue « le prélude, le premier chœur et surtout la belle et chaude péroraison ». On ignore quand l’orchestration de La Naissance de Vénus fut achevée. L’œuvre est encore donnée avec piano le 3 avril 1886 à la Société nationale de musique, mais sa première avec orchestre a lieu au théâtre du Châtelet le 1^er décembre 1895, sous la direction d’Édouard Colonne. Du vivant de Fauré, quelques autres exécutions de l’œuvre ont lieu, dont deux à Londres et Leeds en 1898 (à l’initiative d’Adela Madison, qui traduit le texte), et quatre à Paris, notamment lors du concert de musique française du 2 avril 1913 au théâtre des Champs-Elysées, tout juste inauguré.