Orphée et Eurydice

La tragédie lyrique Orphée et Eurydice est une adaptation traduite de l’opera seria Orfeo ed Euridice, qui fut créé à Vienne en octobre 1762. Cet ouvrage, qui n’est pas le fruit d’une commande de la cour mais un acte de création libre, est le premier des trois opéras italiens qui couronnèrent la démarche réformatrice de Gluck et Calzabigi entre 1760 et 1770. Arrivé en France en 1774, pressé de produire un certain nombre des grands ouvrages pour la scène de l’Académie royale de musique, Gluck se décide à commencer par faire traduire certaines partitions italiennes (il appliquera également ce principe à Alceste). La reprise pour la capitale française impose à Pierre-Louis Moline d’adapter le poème de Calzabigi et à Gluck de retoucher sa partition. Le rôle d’Orphée, prévu à l’origine pour un castrat, est ainsi transposé une quarte plus bas pour une tessiture de haute-contre (il fut créé par le célèbre Joseph Legros). Les chœurs sont également adaptés pour se conformer aux effectifs de l’Académie royale de Musique (avec des hautes-contre à la place des altos). Le compositeur ajoute surtout de nombreux numéros pour le ballet (dont un grand divertissement final), faisant en partie appel à la pantomime qu’il avait lui-même contribué à établir dans toute l’Europe (le célèbre « Air de Furie » est une reprise d’un extrait de son ballet-pantomime Dom Juan créé bien plus tôt, page à laquelle Gluck rajoute des trombones dans la version parisienne). Parmi les nombreuses reprises de l’ouvrage en France, signalons celle supervisée par Berlioz pour le Théâtre Lyrique en 1859, où le rôle d’Orphée se voit cette fois transposé pour la contralto Pauline Viardot en travesti.