Ouverture du Corsaire

En dépit de son titre, cette ouverture de concert composée en 1844 ne doit rien à The Corsair de Lord Byron. Peut-être fait-elle en revanche référence à James Fenimore Cooper, puisque Berlioz avait envisagé d’intituler sa partition Le Corsaire rouge, traduction française du roman The Red Rover. Mais sa source d’inspiration reste floue : le 19 janvier 1845, au Cirque olympique, il dirige la création de l’ouverture alors appelée La Tour de Nice, souvenir de la ville où il venait de séjourner. Fut-il influencé par les réactions de la presse, quand il remania l’œuvre entre 1844 et 1851 et en changea le titre ? Le chroniqueur de L’Illustration avait en effet entendu l’évocation de visions fantastiques : « On dirait un conte d’Hoffmann. Cela vous jette dans un malaise indéfinissable ; cela vous tourmente comme un mauvais rêve, et remplit votre imagination d’images étranges et terribles. Assurément cette tour de Nice est habitée aujourd’hui par des centaines de hiboux et d’orfraies, et les fossés qui l’entourent sont remplis de couleuvres et de crapauds. Peut-être a-t-elle servi de retraite à des brigands ou de forteresse à quelque tyran du Moyen Âge. » Le Corsaire adopte la structure formelle de toutes les ouvertures de Berlioz à partir de Benvenuto Cellini : une amorce rapide (Allegro assai), une partie lente (Adagio sostenuto) et une partie rapide (Allegro assai). Ici, la recherche de continuité et d’unité se manifeste par une transition progressive de l’Adagio vers le tempo vif de la dernière partie, et par la présence dans le second Allegro assai d’éléments thématiques issus des sections précédentes.