Quatuor à cordes op. 35

D’Indy a composé son premier quatuor à cordes en 1890, après l’achèvement du Quatuor de César Franck, même si l’œuvre semble avoir été en gestation dès 1889. Peu après sa création à Bruxelles en février 1891, le Quatuor en ré fut redonné par ses dédicataires, Eugène Ysaÿe et son Quatuor, le 4 avril à la Société nationale de musique. D’Indy, qui affirma souvent que le quatuor à cordes est la forme la plus difficile et que seule la maturité peut permettre de la traiter dignement, avait fêté ses 40 ans dans l’intervalle. Bien que l’exécution de ce Quatuor aussi fougueux que difficile n’ait pas été irréprochable, il fut accueilli triomphalement et suscita notamment l’admiration d’Emmanuel Chabrier. Comme il le fera pour ses deux autres quatuors, d’Indy cite en exergue à la partition le thème générateur, qui se dévoile dans son intégralité au cours de l’introduction du mouvement initial en ré mineur. En plus d’engendrer plus ou moins distinctement la plupart des thèmes propres de chaque mouvement, celui-ci intervient souvent comme protagoniste à part entière. Le second thème du second mouvement, qui préfigure le motif cyclique du Quatuor n^o 2, a souvent été qualifié de franckiste alors que l’auteur craignait pour sa part qu’il soit un démarquage de Fauré. Le troisième mouvement tient la place du scherzo, dont le thème au parfum populaire alterne avec deux « trios » très rythmés qui finissent par se superposer. Il s’enchaîne avec l’introduction récapitulative du dernier mouvement dont émerge un thème, déjà annoncé dans le mouvement initial, qui devient celui de l’exubérant rondo-sonate final en ré majeur.