Les Sirènes
Chœur pour le concours d'essai au prix de Rome de composition musicale 1889.
Si proche d’obtenir le Prix de Rome en 1888, Dukas – comme Berlioz en 1829 – se représente avec l’assurance (ou presque) d’un succès facile en 1889. La tradition voulait que les candidats les plus insistants finissent par être récompensés de leur acharnement, d’autant plus lorsqu’ils avaient obtenu un second prix dans un concours précédant. Le tour d’essai propose, en 1889 – avec la fugue préliminaire –, un texte choral intitulé Les Sirènes, de la plume de Charles-Jean Grandmougin. Est-ce un clin d’œil effronté adressé à l’Institut ? Est-ce la naturelle progression de ses moyens artistiques ? Toujours est-il que Dukas verse ici dans un chromatisme mélodique et des textures qui ne cachent pas des penchants ouvertement modernes. Un groupe de femmes divisé en trois parties séduit par ses lignes caressantes et ses exclamations sur « Ah ! », tandis qu’une sirène soliste – voix capiteuse de mezzo-soprano – attire à elle le marin (ou l’auditeur) égaré. On croit voir le jeu des queues scintillantes au soleil et les enchevêtrements sensuels du groupe de femmes-poissons chantant « Nous voltigeons sans avoir d’ailes / Nous sommes les sœurs immortelles ». Nettement plus avancé par son orchestre et ses harmonies que les trois chœurs précédents, celui-ci voit Dukas placé en tête du concours à la fin de l’épreuve éliminatoire. Il pouvait s’attaquer avec confiance au livret de la cantate qui s’annonçait aussi stimulant que la Cléopâtre de 1829 pour Berlioz, texte qui causa tant de plaisir littéraire sur l’instant de la composition à Berlioz que de déception lors du jugement ultérieur. Dukas allait prouver que l’histoire se répète…
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data di pubblicazione : 25/09/23
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