Symphonie n^o 1 en ré majeur

En décembre 1856, Jules Pasdeloup déposa les statuts de la Société des jeunes artistes, destinée à promouvoir la musique symphonique. C’est cet organe qui assura la création de la Symphonie n^o 1 de Gounod (composée probablement en 1854-55), donnée partiellement le 4 février 1855 (Allegretto moderato et Scherzo, ce dernier étant bissé), puis dans sa totalité le 4 mars. En écrivant cette œuvre, peut-être Gounod souhaitait-il effacer la déception causée par La Nonne sanglante, créée le 18 octobre 1854 et retirée de l’affiche après seulement onze représentations. Peut-être avait-il aussi songé au nouveau règlement de l’Institut, voté en 1846 afin de donner un coup de fouet au répertoire orchestral. Le texte stipulait que les lauréats du prix de Rome pouvaient, en première année, « remplacer l’oratorio ou l’ouvrage de musique sacrée par une symphonie composée de quatre morceaux ». Accueillie favorablement, la Symphonie n^o 1 fut aussitôt perçue comme un repoussoir à l’orchestre germanique grâce à sa fraîcheur et sa concision (environ vingt-cinq minutes). En témoigne par exemple le compte-rendu d’Adolphe Adam : « M. Gounod a prouvé tout ce qu’il pouvait faire au théâtre, et ce serait un bonheur et une gloire pour la France de pouvoir opposer une musique si sage, si pure et si inspirée aux divagations de ce qu’on appelle l’école moderne allemande. » À l’écoute de l’œuvre, c’est pourtant à la musique germanique que l’on songe : aux œuvres de Haydn, mais aussi de Schubert (dont Gounod, toutefois, ne pouvait pas connaître grand-chose) pour le charme mélodique et l’euphonie des timbres. Bizet, qui réalisa la transcription pour piano à quatre mains, s’inspira de son aîné pour sa propre Symphonie en ut et retint notamment l’idée d’un fugato au centre du deuxième mouvement.