Tableaux de voyage op. 33

Le titre de ces Tableaux de voyage, inspirés par des souvenirs d’excursions dans le Tyrol et la Forêt-Noire, fait sans doute référence aux Reisebilder d’Heinrich Heine que d’Indy a lus dans sa jeunesse. Le dédicataire est son ami l’avocat Paul Poujaud, qui fut son compagnon de marche en 1889. Bien qu’elles puissent être exécutées séparément, ces treize pièces, pour la plupart de difficulté moyenne, forment un véritable cycle. Elles sont unies entre elles par un thème cyclique (« ? »), exposé dans la première pièce, qui représente pour d’Indy « un souvenir vers les choses et les personnes de la patrie ». Ce motif intervient dans plusieurs pièces, notamment la dernière (« Rêve ») où reparaissent d’autres échos des pièces précédentes. Les titres évoquent des paysages (« Pâturage », « Lac vert »), mais aussi des scènes pittoresques : « un enterrement dans un village du Haut Tyrol de très bon matin (cloches dans le brouillard) » dans « Le Glas », le joyeux cornet d’un postillon entre Neustadt et Donaueschingen dans « La Poste », où la mélodie à 3/4 se superpose à un accompagnement obstiné à 2/4, une « Fête de village » à Tuttlingen, ou encore l’austère abbaye bénédictine de « Beuron », représentée par une fugue à laquelle se mêle le motif BACH. Certaines pièces retracent même des anecdotes, telles « En marche » et « La Pluie » où d’Indy introduit, comme dans son Poème des montagnes, quelques indications programmatiques. Six de ces Tableaux de voyage ont été orchestrés en 1891 sous le numéro d’opus 36.