Trio pour piano, clarinette (ou violon) et violoncelle op. 29

Le genre du trio avec piano a été abondamment illustré en France au XIX^e siècle. Malgré le choix de titres français pour chaque mouvement, d’Indy place plutôt son propre Trio en si bémol majeur dans la descendance germanique et le sillage de César Franck. Quatre ans avant le Trio op. 114 de Brahms, il se distingue aussi en préférant au violon la clarinette. L’œuvre, qui emploie trois thèmes cycliques, frappe par son lyrisme et ses amples proportions. L’Ouverture est une forme sonate à trois thèmes inspirée, selon d’Indy, par le plan du mouvement initial de la Symphonie héroïque de Beethoven. L’introduction expose le thème générateur principal et l’amorce des deux autres thèmes du mouvement, dont le second est aussi appelé à jouer un rôle dans l’ensemble de l’œuvre. Le Divertissement en mi bémol majeur, avec ses deux trios (« Intermèdes ») à la Schumann, est un scherzo dansant plein de trouvailles sonores (pizz glissés, accords en pizz du violoncelle, trilles de clarinette, etc.). Le second « Intermède » présente un thème de caractère populaire, appelé à réapparaître dans le finale, qui se combine pour finir à celui du scherzo. Le Chant élégiaque, en ré bémol majeur, est de forme lied. Sur un accompagnement quasi immuable du piano (quatre accords qui font entendre à l’aigu les premières notes du thème générateur), la clarinette et le violoncelle exposent à tour de rôle leur propre thème avant d’unir leurs voix, dans la troisième partie, sur la cantilène initiale. Aussi brillant que joyeux, le Final associe les trois thèmes cycliques avec les deux thèmes propres du mouvement qui ont pour particularité d’être presque identiques.