Trombolino

C’est pour l’Eldorado, dont il dirige l’orchestre, qu’Hervé trousse cette opérette en un acte, créée le 9 mai 1868. Le livret de Paul Renard et Charles de Saint-Piat s’attache à un personnage connu des scènes parisiennes, car le brigand Trombolino apparaît notamment dans un vaudeville de Xavier, Duvert et Lauzanne de 1838. En 1869, En prison ! d’Ernest Guiraud exploitera encore les ressources de ce personnage. Dans l’opérette d’Hervé, le marquis de Cantarini se fait passer pour Trombolino dans l’espoir de séduire plus facilement la cantatrice Penilla. Alors qu’il va chercher… un trombone, le véritable Trombolino fait irruption. Lui aussi admirateur de la diva, il demande à Cantarini de choisir son supplice dans une copieuse liste de tortures, avant d’accepter de lui laisser la vie sauve. Le trio se donne rendez-vous au théâtre San Carlo de Naples pour applaudir Penilla. Chacun des trois personnages chante un solo bien rythmé, en mode majeur, sans grandes difficultés vocales (les rôles s’adressent à des acteurs-chanteurs). Cantarini brosse son autoportrait dans un air dont la mélodie est annoncée dans la brève ouverture. Si Trombolino se présente comme « l’effroi de ces montagnes, la terreur des campagnes », son rythme de gigue dessine d’emblée un plaisant bandit d’opérette. Avec son boléro discrètement hispanisant, Penilla obtient la grâce du marquis. Un peu plus tôt, Cantarini avait tenté de la faire céder dans un duo au rythme de valse, tandis que le finale caracolera gaîment en ternaire. Mais cet univers de fantaisie, où les coups de pistolet sont aussi inoffensifs qu’un pétard de la Saint-Sylvestre, contient toutefois quelques piquantes touches d’autodérision puisque s’y glissent des références à Fra Diavolo, Mignon et L’Œil crevé avec lequel Hervé venait de triompher.