La Vendetta
Cantate pour le concours du prix de Rome de composition musicale 1838.
Cette petite scène lyrique écrite pour le concours du Prix de Rome en 1838 est fondée sur la narration synthétique d’un meurtre dans une Corse populaire et de la vengeance qui en découle. Marcella apprend à son fils (Lucien) que leur père et mari a été assassiné. Après avoir prié Dieu, Lucien jure de le venger. Selon Gérard Condé, le sujet était dans l’air du temps puisque le 8 décembre 1837, La Vendetta, scène inédite d’Henri de Ruolz, paroles d’Émilien Pacini avait été créée lors d’un concert à l’Opéra. Un peu plus tard, en 1840, Mérimée fera paraître Colomba, et l’opéra de Giovanni Pacini, La Fidanzata Corsa sera créé en 1842. C’est sur cette trame quasi naturaliste, et très proche des sujets de mélodrames de l’époque, que Gounod échauffe sa créativité. Et – il faut bien l’avouer – non sans un réel talent. Le prélude orchestral, avec son quatrième degré augmenté, hésite entre un ton pastoral et le présage de l’angoisse maternelle. La grande scène de Marcella, soprano lyrique très sollicitée dans l’aigu de sa tessiture, permet à l’interprète de faire valoir autant sa musicalité et son talent de chanteuse que ses capacités d’actrice. Comme le veut la tradition française, la déclamation y suit de près le mot, et le rythme musical ne s’interrompt pas pour cause de vaines répétitions du texte. L’entrée de Lucien se fait dans le lointain (ou plutôt l’idée du lointain, car la cantate n’est pas prévue pour être donnée sur scène et permettre cet effet de distance). Sa chanson populaire est commentée « à l’avant-scène » par sa mère qui l’entend approcher. La belle prière à deux voix chantée alors témoigne déjà du talent de Gounod lorsqu’il s’agit d’entonner des louanges à Dieu. Effets de cuivres et nervosité de l’écriture des cordes, entre autres, montrent aussi de vrais progrès dans les talents d’orchestrateur du jeune compositeur. Le duo final correspond à l’esthétique la plus moderne de l’opéra romantique avec ses croisements de lignes vocales, son héroïsme superlatif et sa progression agogique qui mène à un presto conclusif du meilleur effet. Tout semblait réuni pour un triomphe, mais « ce fut un échec ! J’avais vingt ans, l’âge de la conscription ! Mais mon second prix de l’année précédente me valait un sursis d’un an. Il me restait donc encore les chances d’un troisième et dernier concours. » (Gounod, Mémoires d’un artiste.)
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data di pubblicazione : 25/09/23
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