La Vierge

Cette « légende sacrée » achève la trilogie d’oratorios de Massenet centrés sur des figures féminines (Marie-Madeleine, Ève et La Vierge). Le poème de Charles Grandmougin, en quatre scènes indépendantes, illustre les épisodes centraux de la vie de la Vierge Marie à travers les récits bibliques de l’Annonciation, de l’Assomption, des Noces de Cana et de la Crucifixion. Créée sous la direction du compositeur au Palais Garnier dans le cadre des concerts historiques de Vacourbeil (22 mai 1880), l’œuvre devait illustrer l’art lyrique moderne aux côtés des chefs-d’œuvre des maîtres anciens (Lully, Rameau, Gluck, Grétry et Rossini). Pourtant elle ne rencontra pas le même succès que les deux premiers oratorios de Massenet et ne connut que deux exécutions, la troisième ayant été supprimée par manque d’intérêt du public. Ce relatif insuccès – auquel échappa le prélude de la quatrième partie, le célèbre « Dernier sommeil de la Vierge » – semble avoir profondément affecté le compositeur, qui exprima le souhait que l’œuvre fût exécutée à son enterrement (mais il fut inhumé dans l’intimité et dans la plus grande discrétion). On retrouve dans cet ouvrage l’une des grandes figures féminines de l’univers massenétien, une véritable héroïne lyrique avec ses joies, ses emportements, ses faiblesses, sa douleur. Le traitement musical intensifie les effets dramatiques et les climats différents, en créant parfois des contrastes surprenants, comme dans la très profane danse galiléenne, d’où les reproches ayant été faites à Massenet d’avoir composé une musique trop théâtrale sur un sujet aussi mystique.