Bon usage et déclamation du français : qu’est-ce qui change (vraiment) entre 1650 et 1850 ?
Sous le nom de bon usage, le XVIIe siècle nous a légué une norme portant sur la langue dans son ensemble : sur le lexique, la morphologie, la syntaxe, la graphie, mais aussi et en particulier sur les aspects phoniques dont il est question ici. Visant à neutraliser, ou à transcender la diversité dialectale et sociolectale qui est le propre des langues vivantes, le bon usage sélectionne un ensemble restreint de variantes qui seront réputées « correctes » ou « convenables » et dont l’emploi sera prescrit de la même manière que, plus globalement, on inculque la bienséance. Loin de décrire la langue réelle dans toute sa diversité, il institue donc une langue épurée et idéale à laquelle chacun devrait aspirer.
Si le concept de bon usage ne s’est, dans le fond, guère modifié entre Vaugelas (1647) et Grevisse (1936), la teneur de cette norme a forcément évolué avec le temps : aucune langue, si codifiée et standardisée soit-elle, n’échappe au changement. La première question à laquelle on s’attellera ici est la suivante : comment le bon usage, en tant que norme phonétique s’appliquant à la conversation soignée des personnes cultivées, a-t-il évolué entre 1650 et 1850 ?
Le second XVIIe siècle concentre la plupart des grands textes dits « classiques » – au sens où ils ont durablement fait référence pour l’enseignement dans les classes – ainsi qu’une première salve de tragédies en musique dues en grande partie à Lully ; le premier XIXe siècle voit se lever le vent nouveau du romantisme, sur fond de grand opéra français. Comment les règles traditionnelles liées à la déclamation théâtrale et à la diction des vers se sont-elles comportées face à ces turbulences esthétiques ? Telle est la seconde question à laquelle on s’efforcera de répondre.
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data di pubblicazione : 13/09/23