Ouverture du Carnaval romain

L’échec de Benvenuto Cellini, lors de sa création en 1838, ferma les portes de l’Opéra de Paris à son compositeur trop audacieux. Conscient de la valeur de son matériau, Berlioz s’en servit pour façonner l’Ouverture du Carnaval romainen 1844, créée à la salle Herz le 3 février de cette même année. Si sa thématique n’a rien de commun avec l’ouverture de l’opéra, elle en conserve la construction formelle, à laquelle l’Ouverture du Corsaire et celle de Béatrice et Benedict resteront fidèles : quelques mesures pétulantes pour lancer le morceau, puis une partie lente et une partie rapide. La musique est fondée sur du matériau emprunté à l’acte I (si l’on s’en tient au découpage de la version originale), notamment au duo entre Cellini et Teresa qui se transforme en un trio vif-argent (les deux amoureux sont épiés par Fieramosca). Comme le titre permet de l’imaginer, elle reprend aussi la scène du carnaval : une sorte de tarentelle, dont la mélodie provient en fait du Gloria de la Messe solennelle. Bien que l’on puisse la rattacher à la catégorie de la musique à programme, elle ne « résume » cependant pas l’intrigue, ni même l’un de ses épisodes. Berlioz soumet ses éléments thématiques à un nouveau travail d’élaboration pour créer un tableau purement instrumental. Le rôle de premier plan du cor anglais (« voix mélancolique, rêveuse, toujours noble, dont la sonorité a quelque chose d’effacé, de lointain », selon le Traité d’orchestration récemment paru) et du pupitre d’altos (eux aussi associés à l’expression d’une « mélancolie profonde ») illustrent le « genre instrumental expressif » cher à Berlioz.