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Reprise de L’Œil crevé

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Editore / Giornale :
Data di pubblicazione :

Nous avions bien ri jadis l’Œil crevé ; c’était de la folie de haut goût interprétée par des acteurs eux-mêmes un peu toqués : Milher, Marcel, cette pauvre Blanche d’Antigny, etc. On n’avait pas eu l’idée bizarre d’intercaler dans cette aliénation mentale et musicale les principes de 89, ni de parler de l’avènement des nouvelles couches ! On a voulu rajeunir la pièce, et il en est résulté que nous n’avons plus ri du tout. Ces choses-là, ça ne se discute pas : si l’on ne se tord pas de rire, on est immédiatement envahi par une tristesse mortelle. 

Ce gendarme Géromé si épique, si fantaisiste, avec ce gros papillon en guise de cocarde au chapeau, éveillant si bien l’idée des idées biscornues qui devaient germer sous le crâne de ce représentant de l’ordre, est devenu un Pitou quelconque, lourd, grave et triste. Le duc d’En-Face m’a rappelé Maubant et Alexandrivore môssieu Tasquin. Ah ! sans le bailli en habit lilas et sans la marquise, je ne sais trop si l’on aurait pu rester jusqu’au bout.

Cette dernière, bien dans l’esprit du rôle, raconte une histoire d’amour avec un beau cuirassier, où il est question de robe noire du cheval, de celle de son innocence, d’éclair d’acier, de moustaches, et cela avec des suspensions, des sous-entendus donnant un sens possible à une romance sans queue ni tête : le tout indécis, vague, vaporeux, entrevu comme dans le rêve du souvenir. Les yeux sont mi-clos, un sourire indéfinissable erre sur ses lèvres entr’ouvertes, puis tout à coup un brusque soubresaut ; elle rentre dans la réalité par un : « Pourquoi me regardez-vous comme cela ? » qui est bien la chose la plus comique qu’on puisse imaginer.

Bien jolie, Fleur-de-Noblesse. Le costume Louis XV du deuxième acte surtout avec la poudre et le panier lui va divinement bien, mais dame pas beaucoup de voix, du moins ce soir-la : plus la pièce marchait, plus la voix diminuait, et, il faut être juste, plus aussi Mlle Granier applaudissait dans son avant-scène.

Au dernier acte, comme on n’entendait plus rien du tout, la diva Granier a fait à Fleur-de-Noblesse une véritable ovation. Nous aussi, d’ailleurs, mais pas pour le même motif. 

Quant à la musique, on a réentendu avec un immense plaisir la Polonaise et l’Hirondelle, la fameuse valse Menuiserie, charpenterie, et la tyrolienne des Petits bâtons de chaise. On ne les avait pas rajeunis, du moins, ces chers airs-la, et nous avons pu les saluer au passage comme de vieux amis. […]

X.

Persone correlate

Compositore, Organista, Tenore, Direttore di teatro

HERVÉ

(1825 - 1892)

Opere correlate

L’ Œil crevé

HERVÉ

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HERVÉ

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/12594

data di pubblicazione : 23/09/23