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Le monde théâtral et musical. La Vie parisienne

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LE MONDE THÉATRAL ET MUSICAL
PALAIS-ROYAL : La Vie parisienne, de MM. H. Meilhac, L. Halévy et J. Offenbach. 

La Vie parisienne ! Ce titre affriolant avait amené hier au Palais-Royal une foule d’étrangers avides des moindres détails de cette existence qui est leur rêve et leur envie, tout un monde de Parisiens pur sang, à qui ne suffisent pas les émotions de la journée, et qui se plaisent à se retrouver sur les planches, hardiment, crûment portraicturés.

Voici une pièce qu’on a faite cent fois, qu’on refera cent fois encore. Qu’elle s’appelle revue 

ou féerie, comédie ou opérette, c’est toujours la même exhibition, agitée et capricieuse, de nos mœurs, de nos costumes, de nos sottises, de notre esprit.

Et cela est amusant toujours. Prenez-moi un personnage quelconque, le premier venu, un 

prêtre, un grotesque, un Scbahabaham invraisemblable, qui vous voudrez, faites-le descendre de n’importe où, de la lune ou de la Ferté-sous-Jouarre, et promenez-moi ce gaillard-là dans Paris, escorté de deux ou trois idiots de son espèce : vous êtes sûr que le public trouvera cette odyssée toujours nouvelle, et qu’il est ravi d’avance.

Et non-seulement les choses vont ainsi chez nous, mais en Allemagne, en Angleterre, la vie 

parisienne est l’étude journalière, l’aspiration éternelle des poëtes, des enfants, des bons bourgeois et de l’ingénue. Vous rappelez-vous ce joli roman de Rufini, publié en anglais quelque temps après l’Exposition de 1851 et qui s’appelait The Papagreens ?

On voyait toute une famille anglaise descendre sur Paris, avec des émotions inexprimables. Il y en avait de tous les âges, de toutes les dimensions, de ces Papagreens envahisseurs ; depuis l’énorme matrone qui dirigeait la caravane, jusqu’à la fillette qui va chercher aux Champs-Élysées, près des chevaux de bois, sa première aventure, toute la smala Papagréen défilait sous l’œil du lecteur.

Ils arrivaient à Paris ; ils passaient, faute d’hôtel, la nuit dans trois ou quatre fiacres ; puis ils finissaient par s’installer dans je ne sais quel hôtel borgne où on les rançonnait impitoyablement. Toutes les mésaventures pleuvaient sur eux : depuis le prince de table d’hôte qui leur soutirait leurs bank-notes sous prétexte de décorations ou de présentation à la cour, jusqu’au vulgaire filou qui travaille en plein vent, ils rencontraient toutes les déceptions, toutes les avanies qui règnent endémiquement sur Paris, avec une recrudescence marquée à l’époque des expositions internationales.

C’était un livre fort réjouissant. Les Anglais le dévorèrent ; plus tard, il fut traduit en français sous ce titre original : Paris découvert par une famille anglaise ; et il réussit non moins bien chez nous.

C’est un peu l’histoire des Papagreens, – aux rejetons près, qu’ils ont prudemment éliminés, – que nous racontaient hier MM. Meilhac et Halévy.

Un Suédois, le baron de Gondremark, vient d’entrer en gare avec sa femme. Un jeune vicomte de Gardefeu, qui a du temps à perdre, s’improvise guide de l’étranger dans Paris, et offre ses services au Suédois. Le couple accepte, et comme la dame est jolie – cela va de soi, – Gardefeu conduit ses voyageurs dans sa propre maison, qu’il leur présente comme une succursale du Grand-Hôtel.

L’aimable vicomte est admirablement servi par les circonstances. Non-seulement il a installé chez lui la baronne, et trouvé en elle des complaisances inépuisables pour sa table d’hôte improvisée, pour ses bals de l’autre monde, avec ses domestiques transformés en ambassadeurs et ses fournisseurs promus à des dignités invraisemblables, mais il a rencontré dans le mari un amateur très-décidé du Musée d’artillerie et de ces petites dames.

Ce baron vieux et laid que vous voyez là sous ses fourrures est un volcan, un volcan qui s’est allumé tard, mais qui, en ce moment, ne demande qu’à jeter feu et flammes. L’amoureux ne pouvait mieux rencontrer ; n’est-ce pas ? Eh bien ! il ne sait pas profiter de ses avantages ; il fait griser le baron, il le met aux griffes d’une dessalée qui ne lâchera pas sa proie aisément ; mais il emploie fort mal le temps que le gros amoureux lui laisse, et il aboutit près de la baronne aux mésaventures les plus ridicules.

Vous voyez d’ici la pièce : une table d’hôte inénarrable, un bal avec chambrières déguisées en duchesses et trémoussements corybantesques ; derrière tout cela, une petite intrigue, ténue, ténue, insaisissable. De jolies femmes, de l’esprit à foison, de fort beaux costumes, et, par-dessus tout, avant tout, la musique d’Offenbach ! Voilà la Vie parisienne, qui avait accumulé tout Paris, hier soir, dans les étroites cellules du Palais-Royal. On y étouffait, on s’y écrasait ; mais cette satanée musique faisait tout oublier.

Et voyez un peu à quoi tient le succès ! Sauf Zulma Bouffar, une gantière incomparable, personne ne chante là-bas et ne paraît se douter qu’il y ait à chanter quoi que ce soit qui ressemble à de la musique. L’orchestre, bien que renforcé pour la circonstance, ne peut décidément pas se comparer à celui de Pasdeloup. Eh bien ! rien de tout cela ne touche Offenbach ; il va son train, il affronte tout, il fait de ces difficultés mêmes un excitant nouveau, un nouvel auxiliaire ; il a communiqué à tout son monde, orchestre et musiciens, la verve endiablée qui le possède, et tout marche avec un entrain qu’on ne rencontre nulle part.

La Vie parisienne fourmille de jolis motifs. Voilà Strauss content ! Il y a dans cette parution dix sujets de valses, polkas, quadrilles, galops, et l’énorme orchestre des bals de l’Opéra va s’en donner à cœur joie.

Jamais l’auteur d’Orphée aux Enfers n’a été mieux inspirée. Je cite au hasard les morceaux les mieux réussis : au premier acte, la chanson du Brésilien et le chœur final : Paris ! Paris ! au second, le duo de la gantière et du bottier, un pendant au délicieux duo conjugal de la Comare ; la chanson d’Hyacinthe : « Je veux m’en fourrer jusque-là ! » accompagnée d’un geste indescriptible ; puis la chanson du colonel, qui sera légendaire demain ; au quatrième acte, la Chanson de la gantière, une merveille.

Tout cela est frais, original, pimpant, orné d’harmonies coquettes, d’effets d’instrumentation qui n’appartiennent qu’à Offenbach.

Voilà une Vie parisienne qui ira loin !

Mlle Z. Bouflar est excellente ; elle dit, elle chante avec une verve qui ne tarit pas. Hyacinthe est splendide ; je ne sais s’il a de la voix ni s’il s’en sert. Je sais qu’il est grand, homérique, sublime, et que ses effets de nez sont prodigieux.

Mlle C. Monlatand a les plus belles épaules du monde, et Mlle Paurelle a découvert un petit pas final dont il sera fortement question, cet hiver. Tudieu ! quel jarret et quels yeux !

A. de Gasperini. 

Persone correlate

Compositore, Violoncellista

Jacques OFFENBACH

(1819 - 1880)

Opere correlate

La Vie parisienne

Jacques OFFENBACH

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Henri MEILHAC Ludovic HALÉVY

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/14894

data di pubblicazione : 22/09/23