Pénélope

C’est la soprano dramatique Lucienne Bréval qui semble à l’origine de la collaboration nouvelle entre Fauré et René Fauchois. L’auteur travaille avec Gémier et Antoine, lorsqu’il accepte ce projet qui lui ouvre la voie du théâtre chanté et prépare sa future collaboration avec Reynaldo Hahn. Fauchois tire son scénario de l’Odyssée d’Homère et centre le propos dramatique sur Pénélope repoussant ses nombreux prétendants, tandis qu’Ulysse rentre à Ithaque sous un habit de mendiant pour mieux se venger d’eux et regagner son trône. Pénélope connaît une genèse semblable à son sujet et ne cesse d’être remis sur le métier durant de longues années. La composition débute au printemps 1907. Mais tandis qu’il est pleinement occupé par sa direction du Conservatoire, Fauré ne peut se consacrer à l’écriture musicale que durant l’été. Le livret sûrement trop vaste finit de retarder le projet et Fauré travaille à resserrer le propos dramatique. Le compositeur achève finalement l’orchestration durant l’été 1912. La partition fait état d’une inspiration mélodique toute française, qui n’est pas sans rappeler Massenet. L’audace harmonique convoque Debussy et l’usage de leitmotive rappelle que Fauré s’est bien rendu à Bayreuth. Pourtant, Pénélope opère une fusion parfaitement singulière et équilibrée entre noblesse antique et accents lyriques. Lucienne Bréval en assure la création à Monte-Carlo le 4 mars 1913, mais aussi à Paris le 10 mai de la même année, au théâtre des Champs-Élysées. L’œuvre existe dans une version avec piano, hautement raffinée, choisie par le Capitole de Toulouse pour ses récentes représentations d’octobre 2020.