L’ Attaque du moulin

L’Attaque du moulin constitue la deuxième collaboration de Bruneau et Zola, à laquelle se joint à nouveau Gallet. Sur demande de Carvalho, alors directeur de l’Opéra-Comique, le scénario initial situé au cours de la guerre de 1870 se voit transposé sous la Révolution française. Fiancé à Françoise, la fille du meunier Merlier, Dominique défend le domaine familial d’une invasion. Fait prisonnier par l’ennemi, il s’évade en laissant une sentinelle comme victime. S’il ne livre pas le fugitif, Merlier sera sacrifié. C’est bien l’issue que choisira le meunier pour sauver le jeune couple. Si le changement d’époque évite d’heurter le public, il entache quelque peu la vocation initiale des auteurs de représenter un drame contemporain. À la différence du Rêve, le propos dramatique exclu tout élément surnaturel et souscrit sans équivoque aux principes naturalistes défendus par les auteurs. La partition s’en trouve moins audacieuse, notamment sur le plan harmonique et orchestral et renoue avec des formes plus traditionnelles. Comme pour Le Rêve, la trame demeure continue, mais porte cependant la marque des formes habituelles de l’opéra-comique et voit se succéder chœurs, ensembles et airs. Celui de Dominique, « Le jour tombe… Adieu, forêt profonde » demeure aujourd’hui encore le plus célèbre de la partition. Créé le 23 novembre 1893 à l’Opéra-Comique avec Leblanc (Françoise), Delna (Marceline), Bouvet (Merlier) et Vergnet (Dominique), L’Attaque du moulin est rapidement joué dans toute l’Europe et outre-Atlantique. L’œuvre est récompensée du Prix Monbinne et demeure le grand succès de la collaboration entre Bruneau et Zola.