Scènes hongroises

Composées entre 1865 et 1871, les Scènes hongroises sont initialement écrites pour deux pianos avant de devenir la deuxième suite d’orchestre de Massenet. Leur genèse revêt une importance particulière dans la vie du compositeur. Alors qu’il séjourne à la villa Médicis, Massenet rencontre Liszt qui se prépare à l’ordination et le prie d’achever l’éducation pianistique d’une de ses meilleures élèves, Louise-Constance de Gressy qui, deux ans plus tard, deviendra Mme Massenet. Entre temps, le jeune Prix de Rome parcourt l’Allemagne et la Hongrie où il séjourne dans l’ancienne ville de Pest. C’est là qu’en 1865 sont inscrites les premières idées musicales des Scènes hongroises qui puisent dans la musique populaire locale tout en ramassant les pensées que Massenet nourrit pour sa fiancée. Ainsi, l’œuvre se présente comme le récit musical d’une journée de mariage structurée en quatre mouvements. L’Entrée en forme de danse (I) installe une couleur cérémoniale teintée des motifs fleuris des bois. L’Intermède (II) expose aux cordes un thème primesautier délicatement accompagné de la harpe. Dans un andantino intime, Adieux à la fiancée (III) s’ouvre par un balancement sur deux notes des bassons et cors auquel se superpose la mélopée chantante des cordes. Enfin, l’enchaînement Cortège – Bénédiction nuptiale – Sortie de l’Église (IV) laisse d’abord éclater la ferveur du tutti orchestral, puis se teinte de religiosité avant de s’achever dans la plus grande allégresse. Créée le 26 novembre 1871 aux Concerts populaires de Jules Pasdeloup, la version pour orchestre est dédiée à Bizet, avec lequel Massenet créée le 9 décembre 1871 la version pour deux pianos lors d’un concert de la Société nationale de musique.