Nausicaa

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le prince de Monaco souhaite honorer la France à l’occasion de son grand gala artistique annuel et passe commande à trois musiciens français. Gabriel Fauré compose alors Masques et Bergamasques, Claude Terrasse Le Mufti et Reynaldo Hahn Nausicaa. Le scénario de René Fauchois s’inspire d’un épisode de L’Odyssée d’Homère. Échoué sur le rivage phéacien, Ulysse rencontre Nausicaa. La princesse l’emmène au palais où tous célèbrent l’illustre étranger en racontant l’épopée de la guerre de Troie. Alors qu’il se prend à poursuivre le récit, Ulysse est reconnu et aussitôt célébré. Mais retrouvant ses esprits, le héros doit déjà repartir pour Ithaque, laissant Nausicaa en sanglots. Le sujet de haute tenue littéraire et le poème de grande qualité sont particulièrement adapté à la mise en musique. Hahn avait débuté sa partition alors qu’il était sur le front, profitant de brèves accalmies dans les villages d’Auzéville et Vraincourt, comme en témoigne le riche paratexte de son manuscrit. Avec Nausicaa, le compositeur signe une œuvre du plus noble style, opérant une intime fusion des moyens orchestraux, dramatiques et chorégraphiques. L’écriture musicale mobilise une profonde émotion qui s’épanouit dans la scène finale et l’écriture vocale sollicite avec exigence l’étendue de chaque tessiture. Au second acte, Hahn compose une danse dont il tient le motif mélodique d’un chevrier de Constantinople, se plaisant à penser que cet air ancien pu être entendu par la princesse des mers. L’œuvre remporte un franc succès le 13 avril 1919 lors de sa création à l’Opéra de Monte-Carlo, avant d’être reprise en juin 1923 à l’Opéra-Comique.