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Uthal

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Uthal. – Ce n’est point un opéra-comique, mais une tragédie dans toute l’acception du mot. La pièce est écrite presque toute entière en vers alexandrins ornés de toute la pompe du style tragique. Les sentimens, les personnages et les situations répondent au style. Cette nouveauté a obligé les acteurs à prendre le ton, l’accent, le geste et toute la solemnité [sic] de la scène française, et pour un premier essai, il faut convenir qu’ils s’en sont tirés très-heureusement. On a proposé quelquefois de supprimer le récitatif de l’opéra et de le parler. Ici c’étoit véritablement un grand opéra avec un récitatif parlé, et le public en a paru content. La musique devoit être nécessairement d’accord avec la pompe du spectacle, aussi est-elle grande, solemnelle [sic] et puissamment dramatique. L’ouverture en est très-belle ; c’est la peinture d’un orage qui gronde dans l’obscurité de la nuit et l’épaisseur des forêts. Elle est d’un caractère majestueux et imposant. Tous les morceaux d’ensemble sont d’une riche composition et féconds en effets. Les airs sont touchans et pathétiques, et le style en général a cette couleur antique et locale qui convient à un poëme imité d’Ossian. Madame Scio, qui depuis quelque tems a recouvré une partie de ses beaux talens, les a déployés dans son rôle avec un grand avantage.

Elle représentoit la fille d’un roi détrôné, épouse et amante de l’ennemi de son père. Car il s’agit ici, comme dans Œdipe, d’un prince exilé, errant et proscrit. Larmor régnoit sur les enfans de Morven. Devenu foibe et inactif, il ne paroit plus digne de mener au combat ses braves soldats. Un jeune guerrier, nommé Uthal, prince ambitieux, téméraire et farouche, s’indigne d’obéir à un vieillard ; il lui ravit le trône, après avoir épousé Malvina, sa fille.

Larmor est réduit à chercher un asyle dans les retraites profondes, à se cacher dans les forêts. Mais, indigné du crime de son gendre, il se détermine à invoquer le secours d’une tribu étrangère, commandée par Fingal, aussi généreux qu’intrépide, qui envoie aussitôt ses braves pour secourir Larmor. Malvina, fille tendre et fidèle épouse, étoit occupée de la recherche de son père. Elle le trouve dans la forêt et cherche inutilement à calmer son courroux. L’armée de Fingal arrive. Uthal est surpris au moment où Malvina entreprenoit de le réconcilier avec son père. Il rassemble ses soldats, le combat s’engage ; il est fait prisonnier et chargé de chaînes. Larmor est sans pitié pour lui, et tout ce qu’il accorde aux larmes de Malvina, c’est de ne point faire périr son coupable époux. Mais il veut, qu’abandonné sur un esquif, il aille au milieu des mers chercher un asyle. Malvina se dévouant alors pour son époux, déclare à son père qu’elle suivra la fortune d’Uthal par-tout et qu’elle périra avec lui sur les flots, s’il est nécessaire. Larmor et Uthal sont touchés de tant de générosité. Le jeune captif se précipite aux genoux de son père et obtient sa grâce.

Cette pièce est en général bien écrite, mais le style n’en est pas toujours égal. Plusieurs vers ne soutiennent pas la dignité de la scène tragique. Les situations n’ont rien de neuf, et péchent [sic] souvent contre les règles de la vraisemblance. Par exemple, est-il probable que Larmor, à la tête d’une armée, surprenant son genre seul, le laisse disserter à son aise et se livrer à de vaines bravades, qu’il lui permette même d’aller rassembler son armée pour rendre la partie plus égale ? Y auroit-il beaucoup de sens dans cette vaine ostentation de bravoure. On remarque aussi une profusion d’exaltations qui refroidissent singulièrement l’intérêt. Malvina placée entre la piété filiale et l’amour conjugal, n’est occupée qu’à recueillir son père et son époux, et s’épuise en continuelles prédications. Ce plan a fourni au musicien peu d’occasions d’animer sa composition par des airs et du chant. Mais, à cela près, il a singulièrement accru le mérite du sujet par la majesté de l’expression musicale. Cet ouvrage a obtenu le plus brillant succès. Les auteurs ont été demandés et nommés au milieu des acclamations générales. Ce sont MM. St-Victor pour les paroles, et Méhul pour la musique. On a remarqué que les accompangemens sont absolument sans violons. Madame Scio a aussi été demandée après la représentation ; le spectacle a de la pompe, et l’on n’a rien négligé du côté des décorations et des costumes.

Persone correlate

Compositore

Étienne-Nicolas MÉHUL

(1763 - 1817)

Opere correlate

Uthal

Étienne-Nicolas MÉHUL

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Jacques-Maximilien-Benjamin Bins de SAINT-VICTOR

Permalink

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data di pubblicazione : 16/10/23