Céphale et Procris

Céphale et Procris fut créé à l’Opéra royal du château de Versailles le 30 décembre 1773, à l’occasion du mariage du comte d’Artois (petit-fils de Louis XV). C’est avec ce « ballet héroïque » que Grétry fit ensuite son entrée à l’Académie royale de musique, le 2 mai 1775. Le public apprécia la musique (les chœurs et les danses notamment), tandis que le chroniqueur du Mercure de France loua la caractérisation des personnages. L’œuvre n’obtint pourtant pas le succès escompté. Les auditeurs furent sans doute déroutés par la volonté de « concilier le merveilleux et le spectacle de l’Opéra français, avec la coupe des airs, des duos, du récitatif obligé, et des ensembles à l’italienne », comme s’en enorgueillissait Marmontel dans la préface de son livret (au reste très critiqué). En effet, Céphale et Procris relève encore de la tragédie lyrique, puisqu’il emprunte son sujet à la mythologie (les Métamorphoses d’Ovide), sacrifie aux conventions du merveilleux (divinités descendant du ciel) et fait de la danse le socle d’amples divertissements. D’un autre côté, il regarde vers l’Italie par sa structure en trois actes (en lieu et place des traditionnelles « entrées » du ballet français), la virtuosité vocale, la propension au style galant favorisé par les nombreux rôles féminins (contre un seul rôle masculin). De fait, la partition ne répondait pas à ce qu’on pouvait attendre d’un ballet, dont la couleur s’avère plus pastorale qu’« héroïque ». Et lors de sa reprise, en 1775, elle dut affronter Gluck, qui triomphait à Paris depuis l’année précédente. Une page du théâtre lyrique français se tournait.