Marie-Magdeleine

Achevée en janvier 1872, la partition de ce drame sacré est férocement rejetée par Pasdeloup, le célèbre chef des Concerts populaires. C’est un an plus tard, lors d’un dîner chez Pauline Viardot, que se rejoue le sort de Marie-Magdeleine. Alors qu’on prie Massenet de se mettre au piano, l’extrait qu’il propose suscite le plus grand intérêt de la célèbre cantatrice qui s’engage à faire jouer l’œuvre. Le scénario de Louis Gallet destine naturellement l’ouvrage pour la Semaine sainte. Aux abords de Magdala, Méryem, autrefois courtisane, mène une vie de repentir quand Jésus la désigne parmi la foule. Dans la maison de la Magdaléenne, Jésus confirme à Méryem les bienfaits d’une vie vertueuse. Judas les interrompt et reproche sa présence à Jésus, tandis qu’on dresse la table pour la Cène. Au Golgotha, alors qu’il agonise sur la croix, Jésus bénit Méryem. Après une nuit passée près du tombeau, Méryem implore le Christ, qui apparaît nimbé de lumière et l’invite à porter la nouvelle. Massenet n’a que trente ans lorsqu’il remporte cette double gageure de satisfaire aux attentes dévolues à un Prix de Rome et de souscrire à la forme traditionnelle de l’oratorio. Ainsi, la partition du jeune compositeur renouvelle habilement le cahier des charges du genre, par ses développements symphoniques, ses audacieuses couleurs orchestrales et sa souplesse d’enchaînement des formes closes. Marie-Magdeleine est créée à l’Odéon le 11 avril 1873 avec Pauline Viardot dans le rôle-titre. L’orchestre est placé sous la direction d’Édouard Colonne qui, avec l’aide d’Hartmann, éditeur de Massenet, vient juste de fonder le « Concert national » dans ce même théâtre.