Septuor op. 65

« Quand je pense combien tu m’as tourmenté pour me faire faire malgré moi ce morceau que je ne voulais pas faire et qui est devenu un de mes grands succès, je n’ai jamais compris pourquoi. » Ces quelques mots de Saint-Saëns sont adressé, en octobre 1907, à Émile Lemoine (1840-1912), le dédicataire du Septuor op. 35. Le compositeur y revient a posteriori sur la genèse de cette œuvre qu’il a écrite spécialement pour « La Trompette », une société de musique de chambre fondée par Lemoine. Le 29 décembre 1879, Saint-Saëns remet la première partie (Préambule) à Lemoine qui programme sa création le 6 janvier 1880, à la salle de la Société d’Horticulture (84, rue de Grenelle) où se réunit traditionnellement la société. Le 28 décembre de cette même année, l’œuvre complète – le Préambule a été complété d’un Menuet, d’un Intermède (initialement Marche funèbre) et d’une Gavotte et Final – est créée ; Saint-Saëns tient la partie de piano et accompagne, à la trompette, Xavier-Napoléon Teste (1833-1905/1906) dont le talent contribue certainement à convaincre Saint-Saëns de composer pour cet instrument. Ce Septuor est construit dans le style des anciennes « suites » – titre que l’œuvre portait initialement – et peut être interprété en doublant le quatuor à cordes. Il connaît un succès jamais démenti du vivant de Saint-Saëns : en attestent les nombreuses performances et les critiques enthousiastes parues dans la presse, ainsi que l’important nombre de copies réalisées chez Durand après la première édition de mars 1881. Saint-Saëns a arrangé le Septuor pour un trio piano, violon et violoncelle (novembre 1881), et le Menuet et la Gavotte pour deux pianos (août 1881). Gabriel Fauré (1845-1924) proposa quant à lui une version pour deux pianos (octobre 1881).