Le Petit Duc

L’œuvre met en scène les amours de Raoul de Parthenay et de Blanche de Cambry, mariés à quinze ans puis séparés en raison de leur jeune âge. Raoul part à la guerre pendant que Blanche rentre au pensionnat. Impatient de retrouver celle qu’il aime, le Petit Duc l’y rejoint, d’abord à la tête de son armée, avec laquelle il menace de donner l’assaut, puis sous les traits d’une paysanne – déguisement qui lui permet de s’introduire secrètement dans le pensionnat. Mais la guerre fait rage et Raoul doit à nouveau quitter sa dulcinée. Leur séparation sera toutefois de courte durée : après un improbable retournement de situation, les combats s’achèvent et Blanche s’échappe pour retrouver son mari. Au-delà d’une intrigue parfois cousue de fil blanc, l’œuvre peint avec tendresse le passage de l’enfance à l’âge adulte. Le désir adolescent ne connaît pas de limite et si les ardeurs de Raoul prêtent à sourire, elles sont le signe d’un engagement dans le monde qui ne laisse pas d’émouvoir. À partir de ce livret, Lecocq a composé une musique virevoltante, toute en légèreté. Les auteurs s’amusent aussi à évoquer la tradition lyrique de leur temps à travers une série de références intertextuelles qui ajoutent à la vivacité du propos. Le travestissement du jeune Raoul ne manque pas d’évoquer celui du Comte d’Ory, et l’on trouve pêle-mêle au détour de l’opéra des chérubins tout droit venus des Noces de Figaro, une leçon de chant empruntée à L’Ambassadrice, ou encore un maître d’école digne du Petit Faust. Après la très populaire Madame Angot, Lecocq conquit à nouveau le public parisien avec cet opéra qui n’a toutefois pas connu la même fortune que son premier succès : il est tombé dans un total oubli auquel seules de très récentes productions ont mis un terme.