Don Procopio
M. Weckerlin, le savant et consciencieux bibliothécaire du Conservatoire, vient de retrouver, dans une vente de vieux manuscrits déposés par Auber chez son notaire, un certain nombre d’envois de Rome, de compositeurs célèbres et, entre autres, la partition d’un opéra buffa de Bizet. M. Ludovic Halévy, ami et parent par alliance de Bizet, a bien voulu nous donner à cet égard les quelques renseignements suivants :
C’est, nous a-t-il dit, une des œuvres de prime jeunesse de Bizet, qui avait, alors qu’il l’a écrite, dix-huit ou dix-neuf ans. Elle n’était nullement ignorée de ses amis, mais ils n’y attachaient pas plus d’importance que Bizet lui-même, qui n’a jamais songé à la faire représenter. Elle est cependant assez curieuse à un point de vue, c’est qu’elle indique chez ce compositeur un goût tout à fait inattendu pour la musique italienne. Bizet, en effet, avant d’aller à Rome, était un adversaire décidé de ce genre de musique qu’il n’avait entendue jusqu’alors qu’au Théâtre Italien de Paris, avec des interprétations défectueuses. Mais pendant son séjour en Italie ses idées s’étaient modifiées à cet égard.
En entendant la musique des maîtres italiens, interprétée avec le brio des artistes du pays, dans le milieu enthousiaste qui leur convient, il s’en était engoué pendant un certain temps. C’est alors qu’il prit un vieux livret italien intitulé « Don Procopio, opéra buffa in due atti », et écrivit dessus la partition en question, qu’il envoya à l’Institut au lieu d’une messe ou d’un ouvrage de musique sacrée quelconque que l’on attendait de lui.
Cette substitution inattendue lui valut même quelques reproches. La partition de Don Procopio se compose de 236 pages d’orchestre, grand format in-4° oblong, papier fort, rayé à 24 portées. Elle contient quelques morceaux charmants, et Bizet en avait même repris deux ou trois pour les placer dans ses œuvres jouées depuis.
Ajoutons que le rapporteur délégué à cette occasion, M. Ambroise Thomas, aujourd’hui directeur du Conservatoire, après avoir blâmé pour la forme le jeune pensionnaire d’avoir composé un opéra quand les règlements exigeaient une messe, concluait ainsi : « Cet ouvrage se distingue par une touche aisée et brillante, un style jeune et hardi, qualités précieuses pour le genre comique. »
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data di pubblicazione : 16/10/23