Courrier des théâtres. La Fille de Madame Angot

Courrier des théâtres

[...] La pièce de MM. Clairville et Lecocq, qui se joue tous les jours à Bruxelles sans que le public y ait vu jamais la moindre allusion politique, n’a pas la même bonne fortune auprès des censeurs parisiens. 

Les aventures de la Fille de madame Angot se passant sous le Directoire, le mot République est naturellement plusieurs fois prononcé, et il y a en scène des républicains et des royalistes, sans que cependant l’action soit politique, bien au contraire. Mais la censure exige, paraît-il, des remaniements tels qu’ils équivaudraient à une refonte générale des trois actes.

On n’a donc plus le droit d’écrire une pièce se passant à certaines années de notre histoire ? Espérons encore que la commission d’examen, moins chatouilleuse, laissera tranquillement jouer à Paris une pièce qui ne cause aucun scandale à Bruxelles. 

Il n’a jamais, été question de madame Prelly pour créer, dans la future Mamzelle Angot, le rôle que mademoiselle Desclauzas a joué la première à Bruxelles. On a songé successivement à mesdames Coraly Geoffroy, Desclauzas et Fonti, mais à ces trois dames seulement. 

En outre, s’il a été question un instant de Montaubry aux Folies-Dramatiques, c’était pour lui faire reprendre le rôle d’Abeilard, et non pour créer le principal rôle d’homme dans Angot. On a du reste renoncé, je crois, à cette idée. 

Et, tenez ! savez-vous à qui, dans Mamzelle Angot, le rôle de Pitou pourrait bien être confié ?

Ô stupéfaction !!!

À Anatole Lionnet, qui débuterait au théâtre dans ce rôle de chansonnier ! […]

Jules Prével