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La Soirée théâtrale

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La Soirée théâtrale

[…] Hier, 75e représentation de la Fille de madame Angot, les auteurs ont dû recevoir de M. Brandus le dernier à-compte du payement de leur œuvre. Il aura fini de payer cette partition sans se faire prier, car, paraît-il, de nos jours, un ouvrage de M. Lecocq rapporte plus qu’une partition de Meyerbeer. Cette circonstance m’a mis au courant, par hasard, d’un fait artistico-commercial bien connu. 

Meyerbeer a laissé deux opéras : Un Faust (dont une des particularités est de ne point faire paraître le personnage de Marguerite) et une Judith. Ces œuvres sont soigneusement renfermées chez l’éditeur et attendent la majorité du neveu de Meyerbeer, à qui elles sont léguées.

Mais elles ne deviendront sa propriété que si un comité, dont M. Brandus fera naturellement partie, décerne à ce neveu un brevet de « parfait musicien. »

Or, intéressé à ce résultat, l’éditeur a fait tout au monde pour développer chez le jeune Beer le goût de la musique.

Malheureusement, il est impossible de se montrer plus récalcitrant que l’héritier du grand compositeur à la musique.

On lui a mis toutes sortes d’instruments entre les mains pour le tenter ; il n’a encore voulu toucher qu’au tambour !

On a essayé de lui faire entendre les plus grands artistes, il trouve que la musique de chambre devrait s’appeler plutôt de la musique de cabanon, et pense que c’est folie que de s’occuper de pareilles sornettes.

Et les deux partitions — une fortune ! — attendent dans le coffre-fort à combinaisons l’allumette qui y mettra le feu, selon la volonté de Meyerbeer, si son neveu n’est point un parfait musicien.

Cette petite-fille de madame Angot qui m’a, par association d’idées, fait commettre cette grosse indiscrétion, excite bien des convoitises.

Un des spectateurs de la 75e me contait qu’un gamin l’a accosté à son entrée au théâtre, timidement, et d’une voix plaintive lui a dit :

— Un petit sou, monsieur, s’il vous plaît.

— Oui, a répliqué le spectateur, je la connais : Un petit sou pour acheter du pain, j’ai bien faim ! Eh bien, si tu as faim, viens, je vais t’acheter du pain.

— Oh ! non, monsieur, je viens de dîner, j’en ai même jusque-là ! mais il me manque encore quatre sous pour grimper là-haut.

Voilà de la franchise : le passant a donné les quatre sous au gamin, qui courut au bureau prendre sa contremarque.

Un monsieur de l’orchestre

Personnes en lien

Compositeur

Charles LECOCQ

(1832 - 1918)

Œuvres en lien

La Fille de Madame Angot

Charles LECOCQ

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CLAIRVILLE Victor KONING Paul SIRAUDIN

Permalien

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date de publication : 25/09/23