Séance annuelle de l'Académie des Beaux-arts
INSTITUT ROYAL DE FRANCE.
La séance annuelle de l’Académie royale des Beaux-Arts a eu lieu samedi, 10 octobre. Le dôme du palais Mazarin, bien que ne contenant qu’une faible partie du monde qui s’intéresse naturellement aux travaux de nos célèbres artistes, était littéralement comble. Deux heures avant l’entrée des membres de l’Institut, toutes les tribunes et les amphithéâtres étaient envahis par la foule ; tandis que les plus élégantes toilettes prenaient place au centre, dans l’hémicycle galamment réservé aux personnes qui ont le bonheur de jouir d’une faveur plus intime auprès des illustres maîtres. La musique a, selon l’usage, occupé un rang considérable à cette séance solennelle. On a d’abord exécuté une ouverture de M. François Bazin, lauréat de 1840. C’est un morceau sans prétention de facture, orchestré avec effet ; il n’ajoute rien, mais n’enlève rien non plus à la réputation de son auteur. D’ailleurs, le public était trop impatient d’entendre l’ouverture de Montano et Stéphanie, pour prêter une grande attention à tout autre morceau instrumental. La belle ouverture de Berton, conception étonnante pour le temps où elle fut produite, et tout aussi remarquable encore aujourd’hui, a soulevé un véritable ouragan de bravos. C’était le compliment indispensable de l’éloge de M. Raoul-Rochettte. Enfin, la cantate de M. Gastinel, lauréat de cette année, a terminé la séance. Nous répéterons, à propos de la cantate couronnée, ce que nous avons dit des envois des pensionnaires. Les travaux de tous les concurrens des autres sections de l’Académie royale des Beaux-Arts, sont exposés publiquement pendant trois jours, avant que l’Académie prononce son jugement. Pour le concours de composition musicale, pas une seule séance publique. Pendant l’exposition des envois de Rome, les travaux couronnés jouissent encore d’une nouvelle exposition. Le public a donc plusieurs occasions de s’assurer que l’Institut a bien ou mal jugé. Rien de semblable pour les musiciens. Aussi, la cantate qui obtient le premier grand prix, exécutée une fois seulement en public, sans point de comparaison, sans qu’il soit possible de la réentendre comme on peut revoir plusieurs fois un tableau, ne laisse jamais un souvenir, même vague, dans l’esprit de l’auditoire. Le plus fâcheux, c’est qu’une œuvre écrite avec toute la conscience et la foi d’un jeune homme, ne peut-être, de la sorte, analysée et discutée comme il convient. Eloge ou blâme ne peuvent être que superficiels, ce qui ne devrait jamais être, lorsqu’il s’agit de l’avenir de l’art. Quoi qu’il en soit, nous rendons justice, autant que faire se peut, à la cantate de M. Gastinel, dont le sujet est Vélasquez. On y remarque un tour mélodique élégant et facile ; la coupe est froide, parce qu’il y a trop de mouvemens lents ; peut-être est-ce un défaut inhérent au sujet ; le récitatif manque aussi de couleur et de force : à la vérité, on n’a pas le droit d’en exiger beaucoup d’un tout jeune homme ; l’orchestration est soignée et sobre. En somme, il y a de bonnes qualités dans cette cantate, qui a été bien interprétée par Mlle Delille, MM. Audran et Brémont.
G. BOUSQUET.
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Vélasquez (Camille Doucet)
Permalien
date de publication : 21/09/23