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Musique. Hulda

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MUSIQUE
Hulda, de César Franck, à Monte-Carlo.
(Par dépêche télégraphique)

Ce soir a eu lieu la première représentation d’Hulda, drame lyrique, en quatre actes, de César Franck.

L’action se passe en Norvège, au onzième siècle.

En voici le sujet à grands traits :

Hulda et sa mère, le soir, attendent Hustawick, leur père et mari, qui tarde à rentrer. Inquiètes, elles redoutent pour lui les embûches d’une tribu ennemie, celle des Aslak. Brusquement, ceux-ci surviennent, vainqueurs d’Huslawick et des siens, à la suite de leur chef Gudleik. Ils s’emparent des deux femmes, emmènent Hulda captive. Celle-ci suivra Gudleik, par force, mais en jurant de venger le meurtre de son père.

Depuis deux ans, Hulda vit dans la demeure des Aslak, en compagnie des sœurs de son ravisseur. Des noces s’apprêtent ; celles de Thordis et de Gunnar, celles de Gudleik et de Hulda.

En vain sa mère et ses frères blâment cette union ; Gudleik, épris d’Hulda, passe outre. Mais si Hulda n’aime pas Gudleik, elle a conçu un amour passionné pour un jeune chevalier de la Cour, qui est fiancé à une douce jeune fille, Swanhilde. Elle n’en désire que plus ardemment accomplir sa vengeance.

Eiolf en sera l’artisan, grâce à un duel simulé avec Gudleik, commencé par jeu, mais que la rivalité des deux hommes rend mortel. Gudleik succombe, au milieu du désespoir des siens. Le vainqueur se retire, impuni.

Délivrée de son maître détesté, Hulda s’abandonne à son amour pour Eiolf, qui vient la voir en secret, tous les jours, à la nuit tombante. Oublieux de Swanhilde, celui-ci se laisse aimer.

Le quatrième acte se passe dans le parc du château royal, où une fête donnée par le Roi est le prétexte d’un ballet, ballet allégorique fort gracieux représentant la lutte du Printemps et de l’Hiver. Swanhilde, restée seule, se désole de son abandon ; elle aime toujours Eiolf.

Celui-ci survient. La jeune fille invoque leurs souvenirs de tendresse ; il s’émeut et renie bientôt sa passion pour la sombre et fatale Hulda.

Hulda, trahie, jure de se venger ; elle se sert de la rancune des frères de Gudleik pour les armer contre Eiolf. Sous un prétexte d’adieu, elle attire le parjure dans un guet-apens où les Aslak le mettent à mort. Mais le sang de leur frère exige encore le châtiment d’Hulda. Ils vont l’assassiner, quand l’arrivée des gens d’Eiolf les disperse. Menacée par les amis de l’homme dont elle a causé la perte, elle veut au moins mourir de son gré et se précipite dans la mer.

La partition de César Franck est d’une beauté sévère qui convient bien au sujet. Le style en est élevé et distingué ; l’instrumentation d’une rare puissance. Elle a été jusqu’à la mort du maître l’objet de ses constantes préoccupations. II y touchait et retouchait sans cesse, comme s’il avait le pressentiment de sa fin prochaine et comme à un monument qu’il voulait laisser après lui pour perpétuer la mémoire de son nom.

Les rôles sont écrits dans une langue musicale d’une clarté superbe, relevée par une orchestration brillante et originale. On a beaucoup applaudi la marche avec chœurs, une grande scène d’Hulda, le chant de l’Hermine et les airs de ballet d’une mélodie tout à fait gracieuse et pittoresque.

L’œuvre du regretté maître a été montée par la direction de Monte-Carlo avec un soin tout particulier et un goût très artistique.

Les costumes surtout sont merveilleux. L’interprétation est de premier ordre. M. Saléza, dans le rôle du chevalier Eiolf, a trouvé l’occasion de déployer toutes les ressources de sa belle voix de ténor.

Il a fait, en outre, du personnage, une création très originale.

M. Lhérie, sous les traits de Gudleik, est toujours l’artiste consciencieux que nous applaudissions naguère à l’Opéra-Comique.

Le rôle d’Hulda est échu à Mme Deschamps-Jehin, dont nous n’avons plus à louer la voix magnifique de contralto, et, dans un personnage secondaire, celui de Swanhilde, Mme d’Alba, dont la virtuosité et le style sont délicieux ont été fort remarqués.

Citons encore, dans des rôles moins importants, MM. Fabre, Borie et Degoria, Mmes Mounier, Risler et Signa.

Mais ne ménageons pas les éloges à M. Jehin, l’habile chef d’orchestre, qui a vaillamment défendu la partition du maître.

Dans le ballet, on a beaucoup applaudi les deux premières danseuses, Mmes Zucchi et Bella.

S…

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Compositeur, Organiste, Pianiste

César FRANCK

(1822 - 1890)

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Charles GRANDMOUGIN

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date de publication : 26/09/23