Sémiramis de Catel

De toutes les tragédies de Voltaire, Sémiramis est celle que l’on a critiqué avec le plus de raison. Cette pompe de spectacle, ces machines, ce spectre, tout ce merveilleux, en un mot, que l’on y remarque, sont des moyens non-seulement étranger au Théâtre français, mais encore destructifs du naturel que l’on y exige, et ne peuvent s’allier aux vraisemblances convenues pour la tragédie. Cependant, des situations touchantes, terribles ou déchirantes, et malgré l’enflure du style, des tirades très-pathétiques, annoncent le pinceau du grand maître.

Mais Voltaire avait acquis tant de titres d’admiration, que beaucoup d’auteur ont cru trouver le chemin de l’immortalité, en imitant même ses défauts. Sous ce rapport, Sémiramis a plus contribué à propager le mauvais goût, que les ouvrages des Pradon, des Chapelain, des Colin et de l’hôtel de Rambouillet. Le ridicule dont ces auteurs furent couverts, le dénuement d’intérêt de leurs productions, les rendirent sans influence, tandis que le génie de Voltaire, et les beautés attachées à ses plus grandes fautes, ont fait de ses plus faibles ouvrages des autorités.

Le sujet de Sémiramis n’ayant aucune analogie avec la simplicité majestueuse de la scène française, était revendiqué par Opéra, au cadre duquel il s’ajuste parfaitement. Enfin, ce théâtre s’en est emparé. Nous y voyons Sémiramis et l’ombre de Ninus, et les amateurs, qui viennent d’assister à la reprise de la tragédie de Voltaire, au Théâtre français, sont à portée de faire des comparaisons utiles à l’art.

Sémiramis a été représentée avec beaucoup d’ensemble, le 6 floréal. [le reste de l’article ne concerne que la représentation théâtrale]