Courrier des théâtres. La Vivandière

COURRIER DES THÉÂTRES
THéâtre national de l'Opéra-Comique : La Vivandière, opéra-comique en trois actes de M. Henri Cain, musique de M. Benjamin Godard.

Le librettiste de la Vivandière a inscrit en tête de la brochure, en guise d’épigraphe, la réponse que le général Marceau fit au maréchal Rush : « Oui, mes soldats sont de petites gens, mais ce sont de grandes âmes. » C’est qu’en effet le nouvel opéra comique met surtout en scène une poignée de ces héros de la première République qui devaient conquérir le monde sans souliers aux pieds. Toutes les vertus militaires, vaillance, stoïcisme, générosité que chaque soldat possède à un degré inégal, se trouvent réunies dans la figure principale, celle de la vivandière. L’idylle romanesque qui traverse l’action n’est qu’un prétexte à duos d’amour. La pièce véritable est constituée par une succession d’épisodes et de tableaux militaires qui semblent inspirés aux auteurs par les vivantes gravures de Charlet et de Raffet.

[résumé de l’intrigue]

Les deux premiers actes ont plu énormément tant au pont de vue dramatique qu’au point de vue musical. La plupart des morceaux ont été longuement applaudis.

La soirée a été triomphale pour M^lle Delna et M. Faugère, qui interprétaient les personnages de Marion et du sergent La Balafre. M^lle Delna met au service de son beau rôle son admirable organe, qu’elle assouplit à présent délicieusement dans les demi-teintes. M. Fugère incarne merveilleusement le type du vieux brisquard et sa voix nous a semblé conduite plus savamment que jamais. Les autres rôles sont très bien tenus par MM. Badiali, Clément, Mondaud, Thomas et M^lle Laisné.

La mise en scène fait honneur à M. Carvalho. Les costumes sont dessinés par Detaille. Il faut féliciter aussi M. Paul Vidal qui a orchestré les deux premiers actes et qui s’est acquitté de cette tâche avec un soin, un tact et un talent parfaits.

Le nom du pauvre Benjamin Godard a été acclamé à la chute du rideau.

M. le Président de la République assistait avec sa famille à cette représentation.

H. F.-G.