Hulda de C. Franck
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Monte-Carlo, dans les dernières semaines de sa saison, a donné « Hulda », opéra posthume de César Franck. Le succès a été immense. Nous devons la production de ce chef-d’œuvre qui verra probablement le feu de la rampe à Rouen, à Bordeaux, à Marseille et dans les pays qui nous entourent, avant de faire son entrée solennelle au grand opéra de Paris, nous la devons, dis-je, aux soins dévotieux du fils de César Franck.
Gunsbourg, l’excellent imprésario, cherchait une nouveauté pour son théâtre. Choudens lui indique « Hulda », sans peser sur son jugement par le moindre commentaire. Bientôt, Gunsbourg enthousiasmé s’entendit avec le fils de César Franck et l’opéra fut donné devant un public d’élite avec le succès qu’on connaît. L’interprétation fut parfaite ; la plupart des airs furent bissés et même trissés.
« Hulda » est une fille du Nord, de ce nord vers lequel nous nous tournons sans cesse comme si nous l’avions perdu ; de ce nord, pays mystérieux et mystique, qui nous charme et nous trouble, et auquel Dieu donna, ainsi que l’a écrit Toussenel, la femme blonde pour le dédommager du soleil. Sur un thème de légende, César Franck broda une musique très personnelle et très française, tantôt charmante, tantôt sublime, ni Rossinienne, ni Wagnérienne, mais elle-même. L’orchestration est très soignée, elle est d’un harmoniste hors ligne.
César Franck était un compositeur de race ; il était peu aimé à cause de ses intransigeances en matière d’art. Au Conservatoire, on redoutait ses avis : aussi, les bonnes âmes avaient-elles fait le vide autour de lui. Organiste à Sainte-Clothilde, il composa beaucoup d’oratorios de grande allure, dont le plus connu, je pourrais dire le seul, est : Les Béatitudes. Il représentait assez bien le type ancien du Maître de Chapelle féru de son art dont il possédait tous les secrets, avec la flamme du génie en plus du reste, si commerçant que lorsqu’il jouait devant un éditeur quelconque une de ses compositions empreintes d’un sentiment religieux, d’une envolée si grande, il la lui abandonnait en toute propriété. À ce métier là il ne s’était pas enrichi, mais il était demeuré indépendant, maître de sa muse, et par surcroît modeste. […]
LA MALENNE
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Hulda
César FRANCK
/Charles GRANDMOUGIN
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date de publication : 18/09/23