Séance publique de l'Institut

Fidèle à ses anciennes et bonnes habitudes, l’académie des Beaux-Arts a tenu, le premier samedi de ce mois, sa séance annuelle pour la distribution des grands prix de peinture, d’architecture, de sculpture, de gravure et de composition musicale. Cette dernière a eu, comme de coutume, les honneurs de la matinée. Sa part consistait en une ouverture de M. Gastinel, lauréat de 1846, et en une cantate, paroles de M. Bignan, musique de M. Charlot, lauréat de cette année-ci. Nous connaissions déjà d’autres œuvres symphoniques de M. Gastinel ; sa nouvelle ouverture ne peut que contribuer à faire augmenter l’estime que mérite le talent de ce jeune compositeur. Quant à l’œuvre de M. Charlot, elle renferme d’excellentes parties ; les voix y sont généralement bien écrites, et l’on reconnaît en cela un digne élève de M. Carafa, de l’auteur de Masaniello, du Solitaire, et de tant d’autres partitions qui ont été tant chantées. On pourrait reprocher à l’ensemble de la cantate de M. Charlot, une certaine froideur de coloris. Par malheur, il faut avouer que le sujet qu’il avait à traiter n’était guère de nature à échauffer son imagination ; on a quelques peines à comprendre qu’ayant à choisir entre dix-huit pièces de vers, l’Institut n’en ait pas trouvé une meilleure ; nous ne parlons qu’au point de vue musical. L’inspiration du musicien dépend en pareil cas de l’inspiration du poète, on ne peut raisonnablement exiger de l’un ce qui a fait défaut à l’autre. […]

GEORGES BOUSQUET.