Ariane de Massenet

Le Café du Théâtre

À l’Opéra. — Ariane. […]

Ariane, ma sœur, de quel amour blessée,

Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée…

Ah ! Quand le Midi bouge, tout bouge. M. Gailhard avait juré, quant à la mise en scène, d’en boucher un coin à tous ceux qui niaient ses qualités essentielles. Et, peut-être bien, est-ce sur Ariane qu’il comptait pour voir renouveler son privilège.

Mon Dieu, seriez-vous injuste ! Voilà-t-il pas qu’il avait annoncé à l’extérieur une terrible galère à en faire mourir de dépit M. Fontanes, — « soi-même ». Et cette galère fut la sienne ! La tempête n’a donné nul mal de mer aux cœurs les moins solides, et ce n’est pas les quatre petites toiles du fond agitées avec frénésie, — lorsque l’ouragan est passé d’ailleurs, qui provoqueront l’angoisse chez les âmes pusillanimes.

Et ce pont de bateaux ! et ce virage ! C’est à mourir de joie.

En dépit de toute cette machinerie et d’un quatrième acte nuageux et d’un ballet passablement rasant, c’est une très belle chose qu’Ariane et je crois en toute sincérité que c’est bien ce qu’on pouvait attendre de la collaboration de deux artistes qui, après maintes algarades, se sont unis pour une œuvre commune.

M. Catulle Mendès aime les sommets difficilement accessibles du très grand art (ce n’est pas pour le Fils de l’Etoile que l’on prétendra le contraire). M. Massenet ne dédaigne pas la briguedondaine des romances et des sentimentalités faciles. L’un a fait des concessions, et l’autre un effort pour gagner les hauteurs : tout s’arrange — que je vous dis, comme on dit en Brabant, — et avec une mise en scène plus adéquate, peut-être bien que le succès aurait été plus éclatant. N’empêche qu’on voudra voir Ariane…

Ariane, ma sœur…