L’Œil crevé d’Hervé
Autre reprise : celle de l’Œil crevé au théâtre de la Renaissance.
Reprise n’est pas le mot juste. L’Œil crevé fut joué en 1867, aux Folies-Dramatiques, avec un grand succès. M. Victor Koning, en s’emparant de ce chef-d’œuvre de cocasserie, a voulu qu’il y fût apporté quelques modifications, et il a chargé de cette besogne M. Hector Crémieux, l’un des auteurs d’Orphée aux enfers. Les chefs-d’œuvre de ce genre vieillissent vite, du moins dans quelques-unes de leurs parties. Les calembredaines qui ont fait pâmer toute une génération s’usent facilement. Il y a parfois nécessité de les rafraîchir un peu. C’est ce que M. Hector Crémieux a fait pour l’Œil crevé ; il a émondé, élagué certaines scènes un peu longues, certaines facéties un peu vieillottes, développé un rôle pour Mlle Milly-Meyer, rafistolé quelques détails, ajouté au luxe du spectacle, remis en un mot la pièce à neuf. Elle est aujourd’hui toute fraîche, toute pimpante, éblouissante de mise en scène et jouée avec infiniment de brio par ses nouveaux interprètes.
Au premier rang, il y a lieu de citer Mlle Jane Hading, Milly-Meyer, Desclauzas. — Celle-ci est vraiment étourdissante de verve — puis Vauthier, qui a le rôle de Géromé, le gendarme légendaire, et Jolly, délicieux de gaieté et de finesse dans le rôle du bailli.
La partition est écrite avec un entrain remarquable, et M. Hervé a prouvé (ce n’était, pas la première fois) que son talent lui permettrait d’aborder un genre plus sérieux que celui de l’opérette. Mais, puisque les circonstances l’ont porté, comme Offenbach, à chercher sa voie dans l’opérette, le mieux que nous puissions faire, c’est d’en profiter.
DAMON.
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date de publication : 15/09/23