Les Théâtres. Hulda
LES THÉÂTRES
« Hulda », opéra en quatre actes et un épilogue de Grandmougin, d’après Bjoernstjerne Bjoernson, et de César Franck.
Monte-Carlo. 4 mars. — Par service spécial. — M. Raoul Gunsbourg, le directeur du théâtre de Monte-Carlo, vient encore une fois de prouver son initiative artistique en représentant une œuvre supérieure dont il a su reconnaître la valeur entre toutes celles qui lui étaient proposées.
César Franck, le musicien impeccable dont on sait le haut talent de symphoniste, était jusqu’ici non seulement ignoré, mais presque nié comme compositeur de théâtre. Il est mort, et voici que l’énorme succès de Hulda le révèle comme un maître en musique scénique.
La conception de Hulda, plus essentiellement inspirée de la légende scandinave de Bjœrnson que du libretto arrangé par Grandmougin, bénéficie d’un lyrisme que le parolier n’a que trop sommairement indiqué. C’est donc surtout à la musique qu’est dû l’effet considérable de cette représentation, qui consacre la mémoire d’un très grand compositeur.
Il s’agit d’une légende dans laquelle une fille à la beauté fatale, Hulda, fait tuer successivement et le fiancé qu’on voulait lui imposer et celui qu’elle aime réellement, mais qui la trahit pour une autre. Les situations, violemment dramatiques, sont traitées, par, César Franck avec une rare intensité d’expression, de sorte que, grâce à la musique, qui sait être à la fois énergique et passionnée, tendre et poétique, l’œuvre prend des proportions qu’on ne peut dépasser.
Interprètes et mise en scène.
M. Gunsbourg a monté cet ouvrage magistral avec un art de metteur en scène de premier ordre. Nous signalons parmi les cinq tableaux une véritable trouvaille : c’est un décor représentant un paysage neigeux de plein hiver qui, soudain, se transforme en un délicieux paysage de printemps ensoleillé sans que cette transformation ingénieuse donne lieu à aucun mouvement de machinerie. C’est d’un effet très nouveau et ravissant. L’interprétation est absolument supérieure, grâce à M. Saleza, Mme Deschamps-Jéhin, Mme d’Alba, M. Lhérie, qui ont été acclamés et rappelés avec un enthousiasme indescriptible.
Le ballet est exquis et réunit pour la première fois ensemble les deux plus célèbres ballerines italiennes, la Zucchi et la Bella.
Le prince et la princesse de Monaco, qui assistaient dans leur loge à cette belle manifestation artistique, ont chaleureusement félicité le directeur, M, Raoul Gunsbourg, et le fils de l’auteur, M. Georges Franck, venu tout exprès de Paris avec l’éditeur Choudens et un grand nombre de nos confrères de la critique musicale parisienne.
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Hulda
César FRANCK
/Charles GRANDMOUGIN
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date de publication : 05/10/23