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Théâtre de l'Opéra-Comque. L’Éclair

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THÉÂTRE DE L’OPÉRA-COMIQUE
L’Éclair, drame lyrique en trois actes, paroles de MM. St-Georges et Planard, musique de M. Halévy. 

Voici venir un opéra sans chœurs et sans voix de basse. Qui se serait douté qu’un ouvrage privé de ces puissans auxiliaires, obtiendrait un grand succès, et un succès d’enthousiasme ? 

C’est pourtant ce qui est arrivé à l’œuvre de M. Halévy. La partition de l’Éclair ne sera pas un des moindres titres de gloire de l’auteur de la Juive, qui occupe déjà un rang si distingué parmi nos jeunes compositeurs français. 

Voici la fable qui a servi de thème au compositeur : Leone, brave officier de marine qui se trouve à bord d’un canot, au moment d’une violente tempête, est frappé de cécité par la foudre. Il est sauvé, accueilli et soigné par la jeune Henriette, douce et naïve demoiselle, qui habite avec sa sœur un château situé sur les bords de la mer, non loin de Boston, aux États-Unis. Bientôt le plus tendre sentiment se manifeste entre le marin et son ange gardien ; mais lorsque Leone recouvre la vue, il prend la sœur d’Henriette pour la femme qu’il aime. Celle-ci jette un cri de douleur et s’évanouit. Elle s’éloigne du château la nuit même, en déclarant qu’elle ne reviendrait que lorsqu’elle verrait sa sœur unie à Leone, afin de pouvoir lui donner le nom d’ami.

 On feint alors un mariage qui n’existe pas, pour la déterminer à revenir. Henriette est bientôt détrompée par le marin, qui lui prouve que son cœur est resté étranger à la méprise de ses yeux. Elle épouse Leone, et sa sœur se résigne à donner sa main à un cousin frotté de grec et de latin, tout frais échappé de l’université d’Oxford. 

C’est sur ce libretto, assez intéressant et coupé avec art, que M. Halévy a écrit une partition tout à la fois savante, mélodieuse et dramatique.

 L’ouverture est le morceau le moins saillant de l’ouvrage. On assura qu’elle a été composée la veille de la représentation, et répétée le lendemain, quelques heures avant le spectacle. Peut-être aurait-il mieux valu renoncer à l’honneur de ce tour de force, car l’œuvre se ressent de la précipitation. 

À ce défaut près, nous n’avons rien entendu de médiocre dans les trois actes de l’Éclair : c’est une série de motifs suaves, de duos, de trios, de quatuors orchestrés avec art, d’airs délicieux, de romances pleines de fraîcheur, dont tons les pianos s’empareront cet hiver. 

Parmi les morceaux qui ont obtenu et obtiendront le plus de succès, il faut signaler le grand air de Chollet, la prière du marin, le final du premier acte, la chansonnette provençale et l’air de Couder : Car j’ai fait ma philosophie à l’université d’Oxford

La partition de l’Éclair paraît plaire à l’orchestre et aux acteurs, car ils l’ont exécutée avec amour, en rivalisant d’ensemble et de vigueur.

Chollet est ravissant dans le rôle du marin. Couder est parfait sous tous les rapports, dans celui de l’étudiant d’Oxford. Mlle Camoin joue et chante mieux que nous n’osions l’espérer. Quant à Mme Pradher, c’est toujours cette grâce piquante, cette séduisante coquetterie que vous lui connaissez. 

La partition de l’Éclair a reçu du public un accueil brillant : c’est un succès qui se soutiendra longtemps, et dont nous félicitons M. Halévy, le théâtre et le monde musical. 

Personnes en lien

Compositeur

Fromental HALÉVY

(1799 - 1862)

Œuvres en lien

L’ Éclair

Fromental HALÉVY

/

Henri de SAINT-GEORGES

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date de publication : 16/10/23