Daniel de Wintzweiller

Vendredi dernier, M. Pasdeloup a fait les honneurs d’une représentation extraordinaire à la cantate couronnée de M. Wintzweiller, l’un des prix de Rome de l’année 1868, – classe de M. Ambroise Thomas. M. Auber, bien qu’indisposé, assistait à cette épreuve publique. On remarquait, dans la loge ministérielle, le baron Taylor, MM. François Bazin et J.-B. Wekerlin, membres du jury. Quelques feuilletonistes et un assez grand nombre d’artistes s’étaient donné rendez-vous à cette quasi-solennité. M. Pasdeloup conduisait l’orchestre. MM. Massy, Giraudet et Mlle Gilbert chantaient la cantate ; - de nombreux exemplaires du petit scénario de M. Emile Cicile, avaient été prudemment répartis dans la salle. Et c’était bien le moins pour l’édification de l’auditoire. En effet, le prophète Daniel et le roi d’Assyrie, Balthasar, en habits noirs, ne pouvaient guère mettre le public sur la piste du sujet ; ajoutez encore ce parti pris de river les trois interprètes aux trois fauteuils d’exécution qui leur sont imposés. Il faut qu’un jeune prix de Rome soit un véritable Orphée pour arriver à faire chanter de pareils automates et y intéresser les spectateurs. Ce tour de force fabuleux, M. Wintzweiller l’a presque accompli à divers passages de sa cantate, notamment dans la prière finale. Son orchestration accuse de bonnes études. Bref, c’est un premier pas des plus honorables. […] M. de Leuven s’est chargé, de concert avec M. Emile Perrin, de rendre les mêmes honneurs à la cantate de M. Rabuteau, l’autre grand-prix de Rome de la même année, – élève lui aussi de M. Ambroise Thomas. Ce sont trois artistes de l’Opéra, MM. Ponsard, Grisez et Mlle Levieilli, qui chanteront cette cantate sur la scène de l’Opéra-Comique.