Académie des Beaux-Arts. Envois de Rome 1876
Académie des Beaux-Arts. Envois de Rome 1876.
Le Journal officiel a publié récemment le rapport adressé à l’Académie des Beaux-Arts par M. le vicomte Delaborde, sur les envois de Rome 1876. Voici l’extrait de ce rapport relatif à M. Puget.
« L’envoi de M. Puget se compose d’une Messe brève et d’un opéra-comique en un acte intitulé : Célia. Le Kyrie de la messe est assez bien fait et ne manque pas de style ; mais le début du Gloria n’a pas le caractère religieux. Tout ce morceau d’ailleurs, quoique habilement conduit, a le tort de renfermer trop de formules scolastiques et des exagérations que ne comporte pas la musique d’église. Le Sanctus a de l’ampleur et de la solennité ; c’est le meilleur numéro de cette Messe brève. L’Agnus Dei, d’un bon caractère, est trop développé et se termine par un mouvement qui tourne un peu à la violence. En somme, la Messe de M. Puget n’est pas écrite avec assez de soin et n’accuse pas un sentiment religieux très prononcé. L’opéra comique de Célia, au contraire, révèle chez le compositeur un vif instinct de la scène. Sans doute, on y reconnaît encore un musicien peu soigneux, bien que parfois assez recherché, mais ce musicien, du moins, rachète en partie ce qui lui manque comme écrivain par un heureux sentiment des convenances théâtrales et par beaucoup d’expression dramatique. Des couplets piquants, animés et spirituels, une bonne cavatine pour voix de baryton, d’un tour distingué et d’un style très expressif, un duo dramatique qui débute avec chaleur et qui renferme de jolis détails d’instrumentation, une symphonie d’un caractère doux et poétique, voilà les pages les plus dignes d’être remarquées dans cet ouvrage. On pourrait citer encore le duo qui le termine, si quelques longueurs n’en compromettaient l’effet et n’en déparaient l’allégro chaleureux et mouvementé. Que M. Puget se garde de l’oublier : sans l’art d’écrire, on ne produit rien de durable. L’Académie espère qu’il redoublera d’efforts pour arriver à posséder pleinement cet art nécessaire et à prendre parmi les compositeurs dramatiques le rang auquel il semble destiné, depuis le jour où il a composé la cantate remarquable qui lui a valu le premier grand prix. »
Voici maintenant un extrait relatif à M. Salvayre :
« Pour son envoi de troisième année, M. Salvayre a soumis à l’Académie deux ouvrages : une scène instrumentale intitulée les Bacchantes, et le Psaume CXIII. La Symphonie des Bacchantes est un morceau intéressant. Elle débute par un andante d’une jolie couleur et d’un sentiment plein de charme. L’allegro a de la chaleur. Les motifs principaux en sont élégants et bien rythmés. On pourrait toutefois reprocher à cette bacchanale une fin un peu brusque et écourtée ; mais, dans son ensemble, la Scène instrumentale, écrite par M. Salvayre, dénote une main habile et offre d’excellents effets de sonorité. Le psaume CXIII, grand chœur avec accompagnement d’orchestre, comprend quatre morceaux :
1o In exitu Israel, chœur coloré et d’un grand style ;
2oNon nobis Domine, prière d’un beau caractère ;
3oSimulacra gentium, morceau habilement disposé pour les voix, mais écrit un peu haut pour les dessus, ce qui rend difficile l’articulation des paroles ; la péroraison de ce chœur est remarquable ;
4oQui timent Dominum, andante large, d’un sentiment élevé, d’un style noble et sévère, qui termine heureusement cette composition. Les deux ouvrages qui viennent d’être examinés justifient pleinement les espérances que les précédents envois de M. Salvayre avaient fait concevoir. Ce jeune compositeur, déjà plusieurs fois applaudi par le public, semble appelé à un bel avenir. Il est de ceux qui, prémunis par de longues et fortes études contre les écueils que tant d’autres n’ont pas su reconnaître et éviter, marchent résolument dans la voie. »
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date de publication : 16/10/23