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Semaine théâtrale. Le Tribut de Zamora

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SEMAINE THÉÂTRALE
LE TRIBUT DE ZAMORA

Jusqu’ici, le mercredi 30 serait le jour fixé par les auteurs et M. Vaucorbeil pour la première du Tribut de Zamora, à l’Opéra. Mais il arriverait un nouveau retard qu’on ne devrait s’en plaindre ni s’en étonner. Un grand ouvrage ne saurait trop se répéter avant d’être livré au public. Meyerbeer et Scribe le savaient si bien qu’ils modifiaient musique et poème jusqu’à la dernière heure. L’admirable quatrième acte des Huguenots n’a été définitivement arrêté qu’après de sensibles modifications. Qui s’en douterait aujourd’hui ?

Meyerbeer poussait la passion du « mieux » jusqu’à essayer trois versions d’un même morceau, et il ne se fixait sur « la bonne » qu’après « l’épreuve » des répétitions. Aussi a-t-il laissé le docte Fétis dans le plus grand embarras au sujet de l’Africaine. Le manuscrit de Meyerbeer indiquait plusieurs versions, en bien des endroits, et il a fallu opter sans le conseil de l’auteur. Quelle responsabilité ! Qui douterait que, Meyerbeer et Scribe vivants, la partition de l’Africaine n’eût doublé de valeur ?

Eh bien, le travail des répétitions du Tribut de Zamora a été des plus laborieux. Poème et musique ont subi de nombreuses modifications, de véritables transformations. Les changements apportés à la partition en ont suscité dans le poème. Puis, Dennery, qui est un habile homme de théâtre, ne cesse de mettre en relief les scènes qui ne lui paraissent pas suffisamment théâtrales. Bref, pour arriver à un succès durable, c’est surtout à la dernière heure qu’il ne faut rien précipiter.

Le temps vraiment et regrettablement perdu à l’Opéra tient avant tout aux longs mois passés en travaux préparatoires. C’est de ce côté qu’il faut chercher un remède à l’accalmie vraiment déplorable de nos improductives scènes lyriques.

Dès qu’on en arrive aux lectures orchestrales, la vie commence autour de l’œuvre. Chacun en pressent la prochaine représentation, et tout se meut et s’émeut sur la scène. La présence de Charles Gounod au pupitre de chef d’orchestre a excité un zèle général. Son orchestration reste toujours claire, sans cesser d’être intéressante ; donc, point de ces découragements qui arrêtent les répétitions générales. Et c’est là ce qui permet de parler du mercredi 30 comme d’une date définitive. [...]

H. MORENO

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Journaliste, Éditeur

Henri HEUGEL

(1844 - 1916)

Compositeur

Charles GOUNOD

(1818 - 1893)

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Adolphe d’ ENNERY Jules BRÉSIL

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date de publication : 15/10/23