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Semaine théâtrale. Le Tribut de Zamora

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SEMAINE THÉÂTRALE
LE TRIBUT DE ZAMORA
(1re représentation).

« Une première à l’Opéra » est un gros événement. Et quand cette première est dirigée par l’auteur et que cet auteur s’appelle Charles Gounod, l’intérêt général s’accroît d’autant et prend des proportions qui s’étendent bien au-delà de la première soirée. Nous nous garderons donc d’un jugement prématuré sur une œuvre aussi importante que celle du Tribut de Zamora, — bien que nous en ayons la partition sous les yeux. Remettons à la semaine prochaine l’analyse de ces quatre actes, qui comprennent près de quatre cents pages, nous bornant, cette fois, à résumer l’impression générale de la première audition.

Mais avant de constater l’effet immédiat des belles pages de la partition de Charles Gounod, disons quelques mots du livret dramatique de MM. d’Ennery et Brésil. Et comme nous ne voudrions pas nous exposer à donner du Tribut de Zamora une version qui ne fût pas la bonne, « l’authentique », nous aurions aimé à passer parole à M. Achille Denis, de l’Entr'acte, journal spécial qui passe pour avoir, en pareille matière, ce que l’on peut appeler « la note officielle ». Mais l’Entr’acteest resté muet, par excès de prudence. Cette réserve excessive est regrettable, attendu l’incontestable difficulté de suivre exactement le poème d’un grand opéra à travers l’interprétation musicale plus ou moins précise de la partition. Il ne faudrait pas qu’au lendemain d’une première, les divers journaux se trouvassent dans la situation assez comique, on l’avouera, de raconter chacun d’une manière différente le sujet de l’opéra représenté la veille, — comme cela vient d’arriver à Lyon. Pour obvier à ce grave inconvénient et aussi pour préparer les auditeurs à la pièce qu’ils vont entendre chanter, un habile directeur de province, M. Gravière, a imaginé de publier, dès le matin, l’analyse de l’opéra représenté le soir, — si bien, que d’une part, l’accord parfait est assuré, par anticipation, dans les comptes rendus de l’ouvrage, et que, de l’autre, le public se trouve ainsi tout préparé à comprendre la pièce traduite en musique. Et ce n’est pas là une précaution inutile ; il faut se garder de jouer à cache-cache avec les auditeurs de nos opéras nouveaux : éclairer la lanterne est le premier gage du succès en musique. Et c’est là incontestablement ce qui explique la prédilection du public pour les libretti bâtis sur des sujets historiques bien connus. Bref, dans notre humble opinion, — étant surtout donné le sujet peu historique du Tribut de Zamora, — le Figarovient de rendre un véritable service aux auteurs en publiant, (à leur insu, paraît-il,) l’analyse sommaire de leur pièce. Il en devrait toujours être ainsi.

Voici la version in extenso du Figaro :

PREMIER ACTE

Décor de MM. Rubé et Chaperon

Une place publique d’Oviédo. — À gauche, premier plan, avec croisée en retour, faisant place au public, la petite maison de Xaïma. — À gauche, le palais du roi. — Au fond la cathédrale. — Au lever du rideau, on attache des guirlandes de fleurs à la demeure de Xaïma.

Manoël Diaz va épouser Xaïma, lorsque arrive à cheval une troupe d’Arabes et de Berbères, ayant à leur tête Ben-Saïd, ambassadeur du khalife de Cordoue, qui vient réclamer à Ramire II, roi d’Oviédo, le tribut de Zamora, c’est-à-dire la livraison de vingt jeunes filles. Ben-Saïd, qui remarque Xaïma, s’éprend d’elle et se montre fort satisfait, quand le sort désigne, parmi les vingt captives, la belle fiancée du soldat espagnol. Le peuple, furieux, veut se révolter, Manoël supplie le roi de donner le signal de la révolte, mais Ramire répond que le moment n’est pas venu, que la dernière guerre a épuisé le pays. Bref, les- Sarrasins emmènent les pauvres jeunes filles.

DEUXIÈME ACTE

Décor de M. J.-B. Lavastre

Site pittoresque, rives de l’Oué-el-Kébir, devant Cordoue. Pont fortifié fermé par une haute tour carrée. — De l’autre côté du fleuve, Cordoue avec ses minarets. À l’horizon, une chaîne de montagnes bleues. — Au premier plan, à droite, l’entrée d’une sorte de caravansérail.

Pendant que les soldats maures chantent l’anniversaire de la bataille de Zamora, un officier arabe, Hadjar, frère de Ben-Saïd, protège contre eux une pauvre folle, Hermosa, prisonnière espagnole qui échut jadis à Ben-Saïd. — Respectez son malheur, leur réplique-t-il, car le Coran l’a dit : Tiens pour saints les fous ; sinon, sois maudit !

Ben-Saïd revient d’Oviédo avec son cortège, dans lequel s’est glissé Manoël déguisé en soldat berbère. Manoël est reconnu par Hadjar, à qui il a sauvé la vie dans la dernière guerre, sur le champ de bataille. C’est alors qu’Hadjar, mis au courant de l’amour de Manoël et de Xaïma, jure à son généreux sauveur qu’il l’aidera à racheter la captive. Malheureusement, lorsque la vente des jeunes prisonnières a lieu, Ben-Saïd, de plus en plus amoureux, surenchérit jusqu’à 10,000 dinars d’or. C’est à lui qu’est adjugée la pauvre Xaïma. Il l’emmène dans son harem.

TROISIÈME ACTE

Décor de MM. Lavastre aîné et Carpezat

Palais de Ben-Saïd. — Grands arceaux mauresques. — Adroite, dans une sorte de pan coupé faisant face au public, un de ces arceaux livre passage à un balcon au-dessous duquel on entrevoit un abîme.

Ben-Saïd supplie Xaïma de chasser sa tristesse et de lui rendre amour pour amour. Pendant que la jeune fille résiste à ses prières et même à ses menaces, Hadjar entre avec Manoël, le présente à son frère comme son sauveur et demande à Ben-Saïd de lui rendre sa chère fiancée.

L’ambassadeur n’entend pas de cette oreille-là. Il offre à Manoël ses palais, ses richesses, mais il ne lui rendra pas Xaïma.

Le soldat, exaspéré, insulte et provoque le ravisseur. Mais il est désarmé facilement, et Ben-Saïd le tient à terre, un genou sur la poitrine, le yatagan sur le cou, quand Xaïma entre, se jette aux genoux du farouche musulman et l’implore. Celui-ci ne consent à laisser la vie à Manoël Diaz que si Xaïma lui promet ses faveurs. Xaïma répond qu’elle préfère mourir. La mort, du moins, la réunira à celui qu’elle aime. Et elle va s’élancer dans l’abîme, quand Ben-Saïd, craignant de la perdre, jure enfin de respecter les jours de son amant, mais à une condition : c’est qu’il partira. Le malheureux soldat se sent fort humilié, mais contre la force pas de résistance !

Désespérée, Xaïma veut mourir, quand elle est rejointe par Hermosa, qui, dans une scène où elle raconte comment son époux fut tué pendant le massacre et l’incendie de Zamora, recouvre peu à peu la raison et retrouve sa fille dans la jeune captive.

Nota bene. — Cette dernière scène est très développée. Elle a été faite évidemment pour mettre en relief les qualités dramatiques de Mlle Krauss. C’est là qu’elle rappelle et qu’elle redit le chant national que l’on a entendu au premier acte :

Debout, enfants de l’Ibérie !
Haut les glaives et haut les cœurs !
Des païens nous serons vainqueurs
Ou nous mourrons pour la patrie !...

Dans les coulisses, on appelle cela la Marseillaise du Tribut de Zamora.

QUATRIÈME ACTE

Décor de MM. Rubé et Chaperon.

Les jardins du palais de Ben-Saïd. — À droite, une sorte de porche précédant l’habitation du chef arabe. À travers les arbres on entrevoit, par places, un mur crénelé. — À gauche, au fond, un arc monumental, porte praticable à laquelle on accède par quelques marches et qui livre passage au dehors. Effet puissant de lune sur toute la partie postérieure de la décoration, tandis que les premiers plans sont éclairés brillamment par la lumière rouge venant de l’intérieur de l’habitation.

Manoël a escaladé les murs du palais pour revoir Xaïma une dernière fois. Les deux amants fidèles veulent mourir ensemble. Le jeune homme va frapper sa fiancée et se tuer ensuite, quand Hermosa se présente et lui arrache son arme, qu’elle cache dans son sein.

— Ce soir, leur dit-elle, quand Ben-Saïd sera à la mosquée, nous fuirons tous trois !

Restés seuls, Manoël et Xaïma sont surpris par l’ambassadeur. Cette fois Manoël sera reconduit sous bonne escorte à Oviédo. Ben-Saïd veut bien épargner sa vie, mais il ne veut plus le trouver continuellement sous ses yeux. Débarrassé de Manoël, Ben-Saïd devient de plus en plus pressant : il emporte dans ses bras Xaïma qui résiste toujours. Mais Hermosa l’arrête, fait rentrer sa fille dans le palais et commence avec le beau chef arabe une scène dramatique où elle le conjure de respecter sa fille et de la lui rendre. Ben-Saïd, qui la croit encore folle, la traite comme telle. Il a tort, car, au moment où il ne s’y attend pas du tout, Hermosa lui plonge dans la poitrine l’arme qu’elle avait arrachée de la main de Manoël, et Ben-Saïd tombe pour ne plus se relever... que lorsque le rideau de l’Opéra sera baissé au bruit des bravos qui rappelleront les créateurs du Tribut de Zamora. Tous ! tous ! tous !...

C’est sur cette donnée absolument théâtrale, particulièrement émouvante aux 3e et 4e actes, que Charles Gounod a écrit la valeur de deux partitions au moins. Les remaniements sans fin, les additions et les coupures incessantes pratiquées dans la partition du Tribut de Zamoraprouvent la difficulté de mettre tout au juste point, en fait d’art dramatique. Mais au théâtre il ne faut jamais se décourager, il faut toujours chercher une perfection relative. Le sceptique Auber, qui plaisantait volontiers ses propres ennuis, laissait complaisamment tailler dans ses partitions. Allez, allez, supprimez, disait-il ironiquement, ce qui est coupé ne sera pas sifflé.

Nous ne voudrions pas répondre que Charles Gounod se soit laissé amputer avec la même désinvolture. Dans tous les cas combien les vrais amateurs de musique eussent désiré pouvoir se rendre compte des suppressions successivement faites. Que ne nous est-il donné d’avoir deux partitions sous les yeux : la version de la dernière heure et celle des premières inspirations, comme pour l’Africaine.

Obligé de nous en tenir à la partition telle qu’elle est arrivée jusqu’à nous, il nous paraît que les deux derniers actes (les plus beaux,) y sont gravés conformes à la représentation de vendredi, mais que les deux premiers, — les moins substantiels, — accusent de légères différences qui pourraient bien être regrettables. Nous y reviendrons.

Pour le moment, contentons-nous de signaler les belles pages qui ont, du premier soir, saisi le public, ce qui ne veut pas dire que nombre d’autres pages ne le séduiront pas à leur tour aux représentations suivantes. L’éblouissant 4e acte d’Hamlet n’avait-il tout absorbé le premier soir ? Depuis, la magistrale scène de l’Esplanade, le tableau de la Pantomime et tout le 3e acte ont conquis le public sur toutes les scènes des deux mondes. N’en a-t-il pas été de même pour les scènes de l’Église et de la Prison du Faust de Gounod ?

Les pages vraiment remarquables d’une partition sont rarement celles qui le saisissent dès la première audition. Il faut un certain temps pour pénétrer les mystères de celles qui ont été plus longuement méditées, et plus mûrement pensées.

Signalons, au premier acte, l’introduction, d’un caractère presque pastoral, où s’encadre une mélodieuse aubade dite tour à tour par M. Sellier et Mlle Daram, la cavatine un peu écourtée de Ben-Saïd, et le finale de la révolte qui repose sur l’hymne patriotique, qu’une partie de la salle a voulu réentendre, prématurément peut-être. Au deuxième, beaucoup plus nourri, il faut aller tout droit à la scène de folie de Mme Krauss. Notons en passant, le trio de Xaïma, Manoël et Hadjar, mais insistons sur le duo d’Hermosa et de Xaïma, morceau d’une inspiration touchante.

Il nous reste à signaler dans le deuxième acte la scène de la vente, très vivante et très mouvementée, un peu trop accentuée peut-être du côté de la comédie. Il semble ici que les auteurs aient voulu prendre modèle sur le finale de la Dame blanche. N’importe, Gounod a trouvé là une phrase en larghetto absolument remarquable, où se croisent et contrastent les sentiments des différents personnages en scène, pour se fondre dans un ensemble harmonieux, dont les instruments de l’orchestre présentent tour à tour la mélodie.

Au troisième acte l’intérêt pour les yeux et même pour les oreilles est d’abord dans le ballet, où des danses, de caractères différents, alternent d’une manière suffisamment piquante. Au point de vue du drame, il faut y noter la scène du duel, conduite par le musicien d’une façon très attachante et un nouveau duo de Mme Krauss avec Mme Daram. Celui-ci est un morceau de grande envergure et de haut pathétique. Mme Krauss s’y montre aussi grande tragédienne que grande cantatrice.

Tout le récit du massacre, la défense héroïque des Espagnols retranchés dans l’église de Zamora, la férocité des arabes vainqueurs envahissant l’enceinte sacrée, et la mort sublime du dernier défenseur de la pairie, s’efforçant de redire, avec ce qui lui reste encore de souffle, le refrain de l’hymne national ; tout cela, disons-nous, Mme Krauss l’a chanté et mimé avec un art qui a saisi le public tout entier et a fait éclater des applaudissements enthousiastes. Pourquoi faut-il que cette belle et touchante manifestation ait été quelque peu gâtée par une de ces scènes de famille, telle qu’il n’est pas rare d’en voir dans les théâtres d’Italie : Mme Krauss sortant de son évanouissement pour se relever et venir partager son triomphe avec Gounod ; se recouchant ensuite sur le plancher où elle est censée évanouie et essayant de renouer le fil rompu du drame ; voilà certes un spectacle dont notre public français aura peine à s’accommoder.

L’acte quatrième et dernier n’eût dû être qu’une conclusion rapide et saisissante par sa concision même, mais il a fallu compter avec les chanteurs. Cet acte est couronné par une scène superbe dont le grand effet revient pour une bonne part, il faut l’avouer, au jeu puissant et aux attitudes sculpturales de Mme Krauss.

***

Parlons maintenant des interprètes qui tous, à part Mme Krauss, appartiennent au Conservatoire tout comme, du reste, la totalité des sociétaires et pensionnaires de la Comédie-Française. On aura beau dire et beau faire, le secret n’est pas encore trouvé de faire mieux que cette grande institution nationale pour former de jeunes artistes destinés à devenir grands. Que nos théâtres ne les enlèvent pas trop tôt à leurs études, qu’ils ne forcent pas leurs aptitudes naturelles, et le Conservatoire à son tour n’aura pas à se plaindre avec quelque raison de ceux qu’il fait vivre.

Laissons aux voix et aux jeunes talents le temps de grandir : Mmes Carvalho et Faure, — l’honneur de l’art français, — ne sont pas arrivés d’emblée à l’Opéra au sortir du Conservatoire. Ils on fait ailleurs leurs premières armes et il en devrait toujours être ainsi.

Le baryton Lassalle, qui s’est montré un superbe Ben-Saïd dans le Tribut de Zamora, a conquis ses premiers grades au Théâtre-Royal de la Monnaie ; — Melchissédec (Hadjar), a développé son talent à l’Opéra-Comique ; Giraudet (don Ramire), de même ; Mlle Daram (Xaïma), s’est perfectionnée près de Mme Carvalho, au Théâtre-Lyrique.

Seuls, Sellier et Mlle Janvier, deux des interprètes du Tribut de Zamora, sont passés de plain-pied du Conservatoire à l’Opéra. La voix exceptionnelle de Sellier l’y a conduit tout naturellement, — et Verdi n’a pas dédaigné d’en faire son Radamès.

Enfin, Mlle Janvier est l’Isolier le plus intelligent, le plus musical que l’Opéra ait pu trouver dans ses dernières et nombreuses recherches. Donc le Conservatoire a du bon.

Interrogez plutôt à ce sujet les théâtres de l’étranger qui profitent des jeunes chanteurs que nous laissons partir, tels que Vergnet, Roudil, Bouhy, Manoury, Dufriche et vingt autres.

Mais parlons du Tribut de Zamora. Lassalle, nous l’avons dit, est un superbe Ben-Saïd, à la voix suave et mordante tout à la fois. Il a de fougueux élans et de mélodieuses notes qui ont merveilleusement servi l’œuvre de Gounod. Comme personnage, c’est un type mauresque absolument réussi. Melchissédec, bien que placé au second rang dans la partition du Tribut de Zamora, réussit souvent à se placer au premier. C’est un artiste soigneux auquel l’inspiration manque rarement. Quant à la voix, elle est de celles dont le timbre résonne à souhait sur la vaste scène de l’Opéra.

Giraudet, la nouvelle basse de l’Opéra, semble plus terne dans la partition de Gounod. Mais en peut-il être responsable ? assurément non, pas plus que Sellier, qui a brillé de tout l’éclat de sa belle voix quand l’occasion lui en a été donnée.

Mlle Daram, indisposée depuis quelques jours, a fait acte d’abnégation en chantant vendredi pour ne point retarder plus longtemps la première du Tribut de Zamora. Cet acte de dévouement a été d’autant plus grand que le rôle de Xaïma est écrit presque tout entier dans la note dramatique et qu’il eût fallu là une falcon. Mlle Daram n’en est pas moins sortie avec honneur d’une tâche périlleuse à tous les titres. Mlle Janvier n’a dans le Tribut de Zamora qu’un petit rôle épisodique, mais elle le remplit à souhait. C’est l’intelligence scénique et vocale en personne que cette jeune débutante.

Arrivons à Gabrielle Krauss, la Rachel de l’Opéra. Nous avons déjà dit ses hauts faits aux trois derniers actes dé l’œuvre de Gounod. Elle y est, répétons-le, aussi grande comédienne qu’admirable cantatrice. Sa voix s’est incarnée dans le rôle de Hermosa, dont elle a fait une superbe création. La grande artiste ne ferait que mimer ce rôle qu’elle y trouverait des éléments suffisants à un triomphe personnel. Son caractéristique costume, son étrange physionomie, ses magnifiques poses en font une héroïne à la Murillo, digne de l’admiration des peintres, autant que de celle des musiciens.

À propos de peintres, comment ne pas signaler les décors de MM. Lavastre, Rubé, Chaperon, Carpezat et les costumes de M. Eugène Lacoste. Ce sont là des œuvres d’art. Le divertissement de M. Mérante a aussi charmé les yeux. En somme, belle mise en scène et de bon goût.

Arrivons à un autre élément d’interprétation, capital, celui-là. Charles Gounod était à la tête de l’orchestre de l’Opéra, tandis que M. Altès assistait en simple spectateur de la salle, à la première représentation du Tribut de Zamora. Ceci sort des coutumes françaises, mais l’on sait combien l’auteur de Faust tenait au droit naturel et imprescriptible, selon lui, de diriger ses œuvres. Il a écrit tout un poème sur ce sujet, poème dont le Ménestrel a même donné la primeur à ses lecteurs.

Son rêve d’il y a dix ans s’est réalisé, et le public parisien a pu acclamer le même soir dans la nouvelle salle de l’Opéra, vendredi dernier 1er avril 1881, le chef d’orchestre et l’auteur du Tribut de Zamora réunis en une seule incarnation, symbolisée par le nom de GOUNOD.

H. MORENO.

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Journaliste, Éditeur

Henri HEUGEL

(1844 - 1916)

Compositeur

Charles GOUNOD

(1818 - 1893)

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date de publication : 16/10/23