Académie des beaux-arts. Séance publique annuelle

Les cantates des deux derniers lauréats du grand prix de Rome, exécutées samedi dernier à l’Académie, ont été chaudement acclamées par le public tout spécial de ces solennités, rassemblé sous la coupole de l’Institut. Rien de mieux mérité que ces ovations, car les deux œuvres se distinguent par des mérites sérieux et nous promettent, dans un avenir prochain, deux vaillantes recrues pour la jeune école française. On sait que M. Pierné et M. Marty ont travaillé sur un texte poétique de M. Eugène Guinand. Il est extrêmement intéressant de comparer les deux ouvrages scène par scène et de voir comment chacun des deux jeunes musiciens en a été impressionné. Mais c’est là une étude dont les détails nous mèneraient trop loin et nous devons nous borner à en donner ici les conclusions. Il nous a semblé que M. Pierné, le second grand premier prix, avait peut-être plus d’invention que son heureux rival. En revanche M. Marty, le premier grand prix, a déjà la touche et le savoir d’un maître. Que l’originalité des deux élèves ne se détache ni de l’une ni de l’autre cantate, cela va de soi. On est toujours le fils de quelqu’un, a dit Figaro, et MM. Pierné et Marty ne sauraient renier que c’est M. Massenet qui les a appelés à la vie artistique. En attendant l’éclosion de leur individualité, voilà deux nouveaux compositeurs avec lesquels il faudra compter bientôt. Il n’est pas inutile peut-être qu’ils sortent d’une institution musicale bien des fois calomniée, mais qui continue à prouver sa supériorité « en versant des torrents de lumière sur ses obscurs blasphémateurs ». Ajoutons que Talazac, de l’Opéra-Comique, qui a été le héros de la solennité, sort également du Conservatoire, ainsi que ses camarades Belhomme et Mouliérat. À citer encore le baryton Cobalet, déjà un artiste ; la belle M^me Montalba et M^lle Dufrane représentaient l’Opéra à l’Institut et la première a surtout rallié toutes les sympathies.